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ANDRÉ GIDE

1869 - 1951

2009 : toujours présent

 

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ANATOLE FRANCE et ANDRE GIDE ( 10 juin 2004 )           de RENE BOYLESVE A ANDRE GIDE (16 février 2009)                Une Génération ...

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Le site André Gide : Gidiana

J'avais placé en tête de cette page une gentille pochade irrévérencieuse sur cet écrivain qui a eu sur moi et a toujours une influence décisive. Je l'ai retirée en me rendant compte qu'elle pouvait passer pour reprendre certains arguments de sacristies canadiennes (censées être encore plus archaïques et stupides que les autres, j'ignore pour quelles raisons) et que le fameux second degré et l'admiration qu'elle n'empêchait pas ne sont pas évidents pour tous. De plus il serait temps qu'à soixante-dix ans, j'apprennent à résister à une mauvaise plaisanterie - oui, mais pas trop souvent - même quand elle m'amuse beaucoup !

J'ai dû découvrir André Gide à l'âge de dix-huit ans, ce fut une révélation, une de ces émotions qu'on n'oublie jamais. Je n'ai pas donné immédiatement un nom à ce que je découvrais par lui : la ferveur (*1). La relation à un écrivain est identique à celles que l'on noue et entretient dans la vie, elle se vit par l'œuvre, par les témoignages sur l'auteur, elle est un dialogue posé qui peut connaître ses emballements, ses déceptions, qui peut briser la relation. La mienne avec Gide, fut permanente. Il est des quelques écrivains qui m'ont accompagné ma vie durant, je crois même que je peux dire : il est l'écrivain qui ne m'a jamais quitté. Je pense que Gide est un cas assez unique dans l'histoire littéraire. Son rayonnement ne dépend pas uniquement de son œuvre, il passe par cette œuvre, se perpétue par elle, mais la personnalité de l'auteur, derrière l'œuvre, transparaît, une image de lui sans cesse rôde qui nous sollicite, qui est une ombre tutélaire. Gide a agit sur son époque et au-delà par son rayonnement. Il a entretenu une correspondance colossale, la revue qu'il a fondée a régné sans partage sur le monde littéraire pendant presque cinquante ans, autour de lui ont eut lieu quelques uns des grands débats du monde intellectuel. Il a été engagé dans la société sans jamais sombrer sous ses engagements. De ces écrivains qui ont été la conscience de leur époque il est le plus proche de nous. Voltaire, France, on n'est pas toujours capables de mesurer ce que l'on doit à de tels parrains quand on a cheminé dans leurs ombres, ils sont pour celui qui s'est pris à leur compagnie, à la fois, un monde meilleur et un regard différent sur le monde. Le monde meilleur est un monde intérieur, le notre transfiguré, porté par leur influence qui nourrit et donne sa force au regard sur l'autre monde ou les autres mondes. Ainsi, j'ai toujours été incapable de dire quelle œuvre de Gide je préfère, de comparer ses œuvres à d'autres que je placerais sans hésiter devant, isolément. Gide règne par un ensemble fait de son œuvre et de son action, de sa pensée et de son regard sur le monde, par l'expérience que cette œuvre relaie pour nous. Après la ferveur, par Gide j'ai éprouvé la liberté (*2), la primauté de l'art dans la littérature (*3). Ses expériences dans le monde ont contribué à donner à ce dernier une autre couleur (*4) comme si "l'art" avait transfiguré l'aventure. Le plus souvent, les écrivains qui se jettent dans la mêlée y perdent leur âme et leur style, leur œuvre s'en trouve compromise. Chez Gide, elle conserve sa "hauteur" sans que cela devienne pour autant une barrière.

*1) Les Nourritures Terrestres.

*2) L'Immoraliste

*3) Le Journal

*4) Souvenirs de cours d'assise, les voyages (Tchad, Congo) le Retour d'URSS, Corydon.

 

 L'IMMORALISTE (1902) :

Il y aura dans un an, cinquante ans que j'ai lu ce livre pour la première fois, après ou avant, je ne sais plus, la découverte des Nourritures Terrestres. J'ai à l'occasion d'une nième relecture, l'envie de parler à son sujet d'Allégorie de la Mort de Madeleine. Quand Gide écrit ce livre au titre accrocheur pour un jeune homme élevé selon des principes étroits, il a trente-trois ans, il est marié depuis sept ans, les Nourritures Terrestres ont été publiées en 1897 et Paludes depuis 1895, respectivement cinq et sept ans plus tôt. Michel, l'Immoraliste, était, naguère, un puritain, il s'était marié pour complaire à son père, "qui, mourant, s'inquiétait de me laisser seul." Il connaissait très peu sa femme, une "orpheline, elle aussi, et vivait avec ses deux frères." Le héros découvre son corps - entendez la vie sexuelle - lors d'un voyage en Afrique du Nord. "Je vais parler longuement de mon corps. Je vais en parler tant, qu'il vous semblera tout d'abord que j'oublie la part de l'esprit." La narrateur retrouve l'histoire secrète de son corps. " Il me semblait avoir jusqu'à ce jour si peu senti pour tant penser, que je m'étonnais à la fin de ceci : ma sensation devenait aussi forte qu'une pensée. "; " Oui, mes sens, réveillés, se recomposaient un passé. Ils vivaient, n'avaient jamais cessé de vivre, se découvrait, même à travers mes ans d'étude, une vie latente et rusée." Il nous donne même immédiatement un lien entre l'esprit : la lecture d'Homère, et les sens : le rythme. Le vol des ciseaux lui révèle le plaisir de se voir voler, mais il est lui même observé et le voleur a lui aussi vu sa duplicité. Il y a là une simple histoire d'égoïsme, peut-on en faire une sorte d'exemple moral ? Le héros peut-il avoir une portée autre que l'irresponsabilité et une certaine sottise ? Pas certain. Finalement, l'émotion "immorale" passée ce texte vieillit tout autant sinon plus que ses petits frères "moraux". C'est le rôle de Gide dans les lettres de son époque qui sauve certaines parties de l'œuvre, un ton et un refus des conventions qui empêche ces parties de sombrer dans l'oubli. Je ne donnerais plus, aujourd'hui, à ce livre l'importance que je lui accordais à vingt ans. Il y a un manque de densité qui vient de ce coté artificiel, du non-dit important qui coure sous ce texte. L'auteur tue sa femme, il en assume la responsabilité et n'en doutons pas, Gide, son mariage non consommé, volera vers la vie intense sans plus de soucis, abandonnant la femme morte à sa triste solitude. Il aura bien une fille ... mais ailleurs !

 

Après le voyage en URSS, la propagande communiste rame pour étouffer la voix de Gide, il faut qu'il soit un traitre, vieille rengaine de tous les totalitarismes.

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1, 2 : L'Espoir revue hebdomadaire de propagande communiste, numéro du 11 décembre 1936, en partie consacré à André Gide.

3 : Fernand Grenier, réponse à André Gide, ouvrage de propagande soviétique aux Amis de l'Union Soviétique, on imite la célèbre couverture Gallimard-NRF, collection blanche.

4 : Tous les interlocuteurs n'étaient pas du médiocre niveau des communistes, ici, Charles Maurras.

5 : 1935, une thèse d'une américaine, soutenue à Grenoble, André Gide, l'Evolution de sa pensée religieuse.

6 : Revue des sciences humaines, Lille III, Gide - 1985

7 : Revue Roman 20-50, André Gide - 1991

8 : 1925, Gide vend une partie de sa bibliothèque dont des livres dédicacés qui lui ont été adressés par certains qui ont changé d'attitude ...

 

 

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