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JULES LEROUX

1880 - 1915 Assassiné pour la France

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Né le 11 décembre 1880 à Villers-Semeuse, il suit les cours de l'Ecole Normale de Charleville où il entre en 1897. Instituteur, élève de Normale Sup de 1905 à 1907, il enseigne à l'Ecole Normale de Douai en tant que maître-interne et professeur de lettres, il est chargé du cours de l'Histoire de l'Art à l'École Municipale des Beaux-arts où il rencontre un vif succès.

Tôt orphelin de père, ses héros Léon Chatry et Paul Francolin le seront également, Jules Leroux est remarqué par son instituteur, Monsieur Richer, qui obtient de sa mère, l'autorisation de se charger de lui. La situation est moins rare qu'on pourrait le penser aujourd'hui, l'institutorat était alors un véritable sacerdoce et l'époque vivait dans le respect sinon le culte de l'intelligence vraie. Ses études ne lui font pas perdre le contact avec la vie de son pays d'origine, durant les vacances, il le retrouve et vit la vie des travailleurs ruraux. Plus tard, instituteur, il parcourt l'Europe et, en particulier, ses musées tout en travaillant selon les occasions.

Poète, romancier, Jules Leroux est un homme des simples et de la vie rurale au service desquels il met sa sensibilité et sa culture.

Volontaire en 1914, Jules Leroux est blessé à la main. Guéri, il remonte au front non sans, d'après l'auteur de sa notice dans l'Anthologie des écrivains morts à la guerre, A.M. Gossez, avoir perdu ses illusions. Nommé caporal le 14 juin 1915, il disparaît le même jour aux combats de Neuville-Saint-Waast.

Jules Leroux est un exemple de cet apostolat laïque qui fit la France républicaine dans un pays toujours tenté par les dérives monarchiques.

Bibliographie :

- Les Franges du rêve, poèmes, 1908

- L'Aube sur Béthanie, poèmes, 1909

- A la forêt d'Ardenne, poème, 1909 repris dans la Brume Dorée.

- La Brume Dorée, poèmes, 1910

- Une Fille de rien, roman, 1911

- La Muse Noire, poèmes, 1911

- La vie et l'œuvre de Jehan Bellegambe, peintre excellent, art, 1911

- A propos d'un tableau de l'Eglise Notre-Dame de Douai, art, 1911

- Léon Chatry, instituteur, roman, 1913

- Jean de Bologne, art, 1913

- Le Pain et le Blé, roman, 1922

- Un acte ( sans titre ), théâtre, 1923

 

LEON CHATRY, INSTITUTEUR : C'est un livre qui se commente difficilement. Une intrigue réduite au minimum et dont on se satisfait volontiers. Une grande capacité à faire ressentir, à peindre surtout les gens simples, pour les autres comme ce radsoc, tyranneau de province, dont les portes de bibliothèques sont vissées, - cela nous rappelle les faux livres de Barrès - on passe, on sent que leur intérêt n'est pas grand et cela est bien vrai des parvenus de tout temps et de tous poils, gens sans consistance comme la bigote ou le journaliste dont l'intérêt se limite à une réussite dont il est préférable de ne pas être trop curieux. Jules Leroux nous peint admirablement les Ardennes, une région mythique où vivent au début du siècle des gens braves et durs au labeur. Où donc avons-nous entendu qu'il fallait mettre les " français au travail " ou ne pas les " décourager de travailler ", c'est bien là un discours de valet libéral, de politicard qui n'a jamais sali ses mains ni fatigué son cerveau ranci commandé par les communicateurs de service et descendant de longues lignées de fainéants profiteux ou de parvenus qui veut faire le malin. Les deux figures de Maîtres sont très réussies, au travers du plus vieux, l'auteur nous fait sentir cette vocation de gens simples qui veulent enseigner aux enfants de ceux parmi lesquels il serait encore sans cette école à laquelle ils doivent et rendent tout, vocation sincère, étroite, marquée par le goût du travail bien fait hérité de parents laborieux. On notera au passage la classe de soixante-douze élèves divisées en quatre niveaux. C'était l'école d'un peuple fier de ses conquêtes, des vraies, pas celles des champs de bataille où on allait égorger ses fils ou de la finance qui pourrira ce régime qui promettait tant. Le chapitre, tout en descriptions et évocations, des promenades dans les Ardennes est fort beau. On parla de ce roman pour le Goncourt qu'on attribua finalement à Marc Helder pour le Peuple de la mer. Il faut du talent pour retenir et attacher le lecteur avec un tel sujet, Jules Leroux - homme de culture - y parvient en sachant demeurer authentique et tant pis pour ceux qui trouveront ce livre naïf, laissons-les à ce qu'ils sont !

LE PAIN ET LE BLE : On se demande pourquoi nos contemporains désireux de retrouver des racines paysannes anciennes ont été les chercher dans ces lourdes et longues séries fadasses d'auteurs spécialisés qui ne les connaissaient pas beaucoup plus qu'eux. Le livre de Jules Leroux nous parle de son présent, d'un présent qu'il connaît bien, des métiers de son époque, des gens de son époque dont il nous donne une petite galerie qui n'est pas sans rappeler Chaminadour, un Chaminadour paysan où les gens n'ont pas de ces états seconds qui transfigurent leurs vies, chers à Jouhandeau. Le Charron, la tante Poncette, des personnages bien dessinés dans leur petitesse, leur égoïsme féroce et leur rapacité en face des Poncette ou encore des Francolin qui respirent la vie et la joie. Cette seconde opposition se trouve dans l'œuvre autobiographique d'André Baillon et là aussi la mort frappe ceux qui vivent. Les rouleux également, population en marge, avec ses infirmités, ses paresses, ses petites ambitions et ses fiertés. Le vocabulaire de Jules Leroux est celui d'une époque, hors Larousse, celui d'une région, les Ardennes. Un livre fort sans intrigue réelle où l'on suit avidement les personnages dans leur vérité attachante de gens modestes roulés dans les aléas d'une vie qu'ils finissent quand même par maîtriser. Edité en 1922 par Athéna, cet ouvrage a été réédité non sans quelques coquilles, par l'Amitié par le livre en 1947.

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