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RAMON FERNANDEZ

1894 - 1944

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Bibliographie de Ramon Fernandez  Les oeuvres

 

Une biographie et une enquête : Ramon par Dominique Fernandez (2008, Grasset)

Il n'est pas courant qu'un fils se penche ainsi sur la figure paternelle pour l'interroger, je dirais presque fiévreusement, et tenter de sortir de cette angoisse d'une vie : un père collaborateur.

J’en suis à ma troisième rédaction de ce compte rendu de lecture. C’est que le sujet qu’aborde Dominique Fernandez autour de la figure de son père est au centre de mes réflexions depuis au moins quinze années : la génération des hommes de 14-18, rescapés du massacre ou témoins, pris dans la tourmente d’une entre deux guerres à la mesure du traumatisme. Bien entendu, je connaissais Ramon Fernandez depuis longtemps et dois-je l’avouer, il n’avait pas besoin à mes yeux, comme quelques autres, d’être réhabilité. L’image qui me reste de lui, après lecture de cette biographie très particulière, serait plutôt moins bonne que celle que j’en avais avant, puisque s’ajoute à la précédente, de l’homme public, un brillant intellectuel qui s'égare en fin de parcours dans le fascisme et la collaboration, celle d’un homme faible, dominé par sa mère, incapable d’assumer son rôle de père et de mari, (dont la fonction minimum est me semble-t-il d’assurer autant que faire se peut la situation matérielle de sa famille, situation qu’il ne fit jamais que s’employer à dégrader ou à rendre instable). L’ivrognerie des dernières années n’étant qu’un élément significatif de la faiblesse et certainement une issue.

« Preuve, ces lignes, qu’on avait beau être dans deux camps différents, on continuait à s’estimer, le besoin de vivre dans l’œil des ouragans étant commun aux deux cotés … » Ce respect mutuel de certains écrivains connus ancrés dans des camps opposés est ce qui doit d’abord nous inciter à ne pas condamner bêtement avec des arguments et une vision d’aujourd’hui des évènements qui se sont déroulés dans un contexte tellement différent du nôtre, du moins par certains cotés. Dominique Fernandez nous livre ici une biographie sous forme de quête du père, d’interrogations sur le parcours, pas si atypique que cela, on peut faire un parallèle avec Drieu, d’un homme qui semblait plus ancré que ce dernier à gauche et qui restera au Parti Populaire Français plus longtemps que lui.

Ramon Fernandez n’est pas un inconnu pour ceux que l’entre deux guerres ou les années glorieuses de la Nouvelle Revue Française intéressent. Il était un des deux critiques les plus influents et les plus brillants de cette revue, Albert Thibaudet étant le second.

D’origine mexicaine, élevé en fils de riche par une mère qui ne l'est pas vraiment, Ramon Fernandez est intelligent, brillant, recherché et reconnu. Son véritable domaine est la littérature. Il n’a pas fait, n’ayant pas encore la nationalité française et ne s’étant pas, comme certains, engagé, la guerre de 14-18 qui brisa sa génération et la porta, blessée, dans un monde en déséquilibre et en évolution rapide.

On rappellera ce qui est déjà traité ailleurs sur ce site, le mauvais traité de Versailles porteur d’une seconde guerre, la montée du communisme (issu de la guerre) et des totalitarismes de droite (réactions au communisme) dans toute l’Europe dont la moitié des états et les deux tiers de la population seront sous ces régimes à la veille de la seconde guerre mondiale, les autres étant souvent menacés par de forts partis de ces tendances.

Ce monde est politisé parce qu’il ne peut pas ne pas y être. L’exigence naturelle à la sortie du conflit est immédiatement déçue. Les démocraties ni le libéralisme n’ont de réponse, la crise de 1929 va encore amplifier le malaise. Les combattants attendaient "autre chose" surtout que la corruption qui va discréditer en France, la démocratie.

Point n’est besoin de chercher des excuses à ceux dont nous disons trop facilement aujourd’hui qu’ils se sont fourvoyés, oubliant le parcours nauséabond, jugé à la même aune, des communistes tels Aragon. Pourtant il est légitime de tenter de comprendre. Chez Drieu il y avait un romantisme de la guerre, de la force, de la nation, française puis européenne, romantisme profondément déçu, qui, politiquement participera à la détermination de son choix. Chez Fernandez on trouvera également une recherche de la force, une volonté de résultat rapide, renforcés ou générés par la non-participation au conflit précédent, pas si rare chez les intellectuels, – qu’est-ce qui conduisait Aragon, Sartre, Eluard à admirer Staline ? En ce qui concerne Drieu et Fernandez c’est quand même dans le domaine de l’intime qu’on trouvera les éléments les plus déterminants du parcours. D’abord n’oublions pas qu’ils sont tous deux d’origine bourgeoise avec un problème réel face à l’argent.  Tous deux sont des homosexuels refoulés en mal de père, tous deux courent de femmes en femmes, riches et pour Drieu, également putains. Fernandez est sous la coupe d’une mère abusive dont il ne parviendra jamais à se débarrasser, ses échecs privés dont son mariage au travers duquel il songeait à se réformer, lui donneront une volonté d’autoflagellation (page 543) à mettre en parallèle avec la volonté d’autodestruction de Drieu.  Dominique Fernandez examine tous les aspects de la vie de son père, il souligne avec raison ce qu’il ne faut jamais oublier au sujet des partis totalitaires comme dans les religions : l’emprise de l’ensemble accueillant qui valorise l’individu pris en charge et peut lui faire oublier un temps ses problèmes personnels, c’est un phénomène sectaire, cela ne joue que sur les faibles, l’intelligence n’a pas grand-chose à voir dans ces phénomènes, elle serait presque plutôt une prédisposition peut-être parce qu’elle isole en temps ordinaire.

La plongée dans la vie de Ramon Fernandez est donc une plongée dans l’époque autant que dans sa vie privée étayée par les notes de sa mère, un fils ne possède pas toujours de ces témoignages si précis (=) sur ses parents, et les écrits de son père déchiffrés dans leur double sens. C’est un livre passionnant. Peut-être pourra-t-on reprocher à l’auteur d’avoir fait porter une responsabilité un peu trop forte à une mère (la sienne) qui ne pouvait pas grand-chose pour secourir un homme aussi faible et aussi difficile à vivre au plan matériel. Un couple n’est pas, après tout, constitué d’un médecin et d’un malade, l’un assistant l’autre et ayant pour mission de le sauver envers et contre tout et surtout de lui-même. Le second degré soupçonné dans les textes de Ramon Fernandez est peut-être, comme suggéré, destiné à sa femme, mais on trouve ni plus ni moins chez lui que chez Drieu qui n’est pas si médiocre que semble le penser Dominique Fernandez et qui, aux yeux de beaucoup, demeure l’écrivain le plus représentatif de sa génération, témoignant et nous parlant encore par son inadaptation au monde et sa difficulté de vivre autant que par ce qu’il est convenu d’appeler ses « erreurs », erreurs qu’il jugera impossible d’expliquer, de faire comprendre – et non de justifier - à des hommes qui n’y sont pas disposés. L’utilisation « repoussoir » qui est faite de Drieu, inconsciemment peut-être, m’a donc agacée, l’auteur pouvant difficilement comparer quand il entre tellement dans les justification de son sujet sans paraître injuste vis-à-vis de ceux dont il n’explore pas autant les motivations, non sans les laisser entrevoir clairement, et dont il à tendance encore une fois, goût personnel, a sous estimer l’œuvre.

On sera particulièrement reconnaissant à Dominique Fernandez d’avoir rapidement et habilement disséqué les positions des acteurs principaux, y compris les partis, battant ainsi en brèche des idées reçues telles : Italie toujours alliée de Hitler, PPF et Doriot fascistes dès l’origine de l’aventure et d’avoir fait comprendre comment l’on pouvait avoir été amené à rallier un temps le PPF.

Nous sommes face à un de ces livres qui, comme le Charles X, roi ultra de José Cabanis, est un livre d’histoire qui ressemble à un roman. On souhaiterait même qu’il soit encore plus vaste dans son champ – mais ce n’était pas le sujet de l’auteur -, pour embraser plus l’époque au-travers de ses parents. Tel qu’il est, c’est une œuvre attachante et réussie.

En ouverture de la quatrième de couverture on lit : « Je suis né de ce traître … » Ces hommes qui sont entrés dans la collaboration étaient-ils des traîtres ? Avaient-ils ralliés le camp allemand avant la défaite ? Avant le gouvernement de leur pays ? Quel degré fallait-il dans cette voie pour mériter cet épithète ? Car le gouvernement légal de la France, même s’il n’était pas très reluisant – ce ne sera pas le seul – était collaborateur ! Comment serait-on traître à son pays en suivant son gouvernement ? De plus les idéologies étaient - ce n'était pas la première fois (guerres de religions par exemple) - des "patries".

C’est vers la fin de cette biographie inquiète que Dominique Fernandez examine l’incontournable, l’attitude de son père vis-à-vis de l’antisémitisme. Problème incontournable certes mais le plus difficile à traiter quand on a décidé de comprendre. Comment comprendre ce qui ne s’excuse pas ? Il ne s’agit pas seulement de l’attitude active mais également de l’acceptation passive que constituait le silence devant ce que tous voyaient : les persécutions, les déportations, les spoliations, les mauvais traitements, le harcèlement.  Comment croire que ces hommes qui fréquentaient des fous actifs tel Céline dont D.F. rapporte le rôle actif, ignoraient les monstruosités qui se déroulaient dans cette Allemagne où ils faisaient le voyage des écrivains ? On a retenu contre Barrès et quelques autres leur attitude antidreyfusarde qui pour injuste et inacceptable n’était pas forcément basse, rien de tel face aux agissements nazis, le silence est un crime même sans connaître les camps d’extermination, la collaboration est une participation aux crimes nazis. L’état français de Vichy, lâche, lui-même non exempt d’antisémitisme peut tenter d’invoquer – il l’a fait – des excuses qu’on ne même pas envisager d’examiner pour des particuliers. On retiendra que Ramon Fernandez n’a pas été actif dans cette politique antisémite comme d’autres, mais il a servi ceux qui la menaient … pour le comprendre, comme pour comprendre Drieu, il faut admettre qu’il y a une part d’eux inexcusable, inacceptable. Mais ne retrouve-t-on pas ici, concernant cette période et ces hommes, le problème que l’on trouve dans toute l’histoire de la France chrétienne – au sens large -, même chez un Voltaire pour qui tout opprimé méritait d’être défendu sauf les Juifs : une zone d’ombre criminelle, relevant de la faiblesse au moins d’esprit et entachant les hommes et les œuvres. Cette saloperie de religion a pourri notre culture comme le nazisme a pourri son époque par ce sentiment odieux : le racisme ciblé contre un peuple, activement doublé de persécutions.

Revue des derniers essais : Proust, Balzac, Barrès, Un Itinéraire français, Dominique Fernandez interroge les écrits littéraires de son père essayant d’y trouver des messages, des signes …  Est-ce l’homme d’action ou l’exégète de Proust qui se suicide ? Certainement les deux, le second ne l'étant. Le dernier mot, il le laisse à sa mère : « Lui qui m’a aimée … je mets un dernier baiser sur ses mains. » p 794

* * *

Notes de lecture : (Je reproduis quelques une des notes prises au fil de ma lecture).

D’emblée l’auteur situe son père : coupable de quelque chose. Dès lors il va chercher à comprendre. De Marcel Aymé, il écrit : « … sympathisants idéologiques du mort, plus ou moins compromis avec la collaboration. » (pp18-19) Ce n’est certainement pas l’assertion la plus juste du livre qui, heureusement n’en comporte pas beaucoup d’autres du genre. Marcel Aymé est demeuré libre, pas compromis, n’écrivant rien dont il puisse rougir. Aragon et sa clique aurait certainement aimé le tenir, ils en ont été pour leurs frais faute d’armée rouge et de KGB en matière d’arguments.

Aux réunions de Ramon Fernandez « on ne parlait pas de politique. On parlait de littérature. » p29 Pourtant on cite une partie de la fine fleur de la collaboration littéraire : Drieu la Rochelle (la NRF allemande), Chardonne (l’idiot du Ciel de Nieflheim), Jouhandeau (l’imprudent du Péril Juif), compagnons de Gerhard Heller, Karl Epting, mais je crois volontiers D.F., Jouhandeau passé sa hargne contre Benda, et Chardonne, n’étaient pas des politiciens quant aux Allemands, ils étaient là pour les circonvenir pas pour en faire des leaders politiques.

Page 140, D.F. évoque l’homosexualité, collaboration et homosexualité, notons cependant que Gide, Martin du Gard, Mauriac, Aragon, pour ne citer qu’eux n’ont pas été collaborateurs.

Le témoignage que Dominique Fernandez apporte, indirect, que chez Drieu tout est double ? Drieu mauvais romancier comme le dit R.F. ? (pp 145-146) Pas à mes yeux. Drieu classant Ramon Fernandez dans ses ennemis et le visage décomposé devant sa dépouille, (p146), mais nous sommes en 1944, ne se regarde-t-il pas déjà en ce mort ?

1925, R.F. de Drieu : « Il attend Dieu, … c’est un esprit religieux. » p 226 – La fin de Drieu et le mysticisme. Idem sur Mauriac – remarquable p 226.

Pp 281-282, credo réformiste, « Les derniers jours ».

Page 314, étonnante mise en cause de sa mère par l’auteur dans la rupture du couple de ses parents.

« La faillite des croyances démocratiques humanitaires. »  p321

« Je ne sais si nous nous rendons bien compte jusqu’à quel point la littérature contemporaine de premier ordre, et singulièrement le roman, est dépourvue d’entrain. Nous paraissons affligés de je ne sais quelle myopie mentale qui nous fait rejoindre les choses, le réel, par une suite d’accommodations pénibles ; et plus elles sont pénibles, plus « elles méritent » aux yeux des juges. « Que dirait le critique – commente DF – quelques quatre-vingt ans après, en constatant que la maladie n’a fait qu’empirer ? »pp 323-324.

« L’homme nouveau » p 398 Se souvenir de la visite en URSS – la mienne – en 1967, à Léningrad, reçu par des officiels, uniformes, vastes salles claires et qui se voulaient de style, vastes édifices sans excès, sans imitations romaines comme en Allemagne nazie ou aux Etats-Unis, le cimetière avec ses immenses carrés sous lesquels reposent deux cent mille personnes par carré, … tout cela balancé par l’attitude désinvolte des militaire quelques jours plus tard, le jour du défilé du cinquantenaire à Moscou, le grand jour, dans les rues et avenues qui mènent à la Place Rouge les policiers les morigénant ou, le soir, à Léningrad, les nombreux alcooliques qu’il fallait ramasser dans les caniveaux pour qu’ils ne meurent pas de froid.

Début des années trente, entre l’U.R.S.S, l’Allemagne et l’Italie, comment ne pas se poser des questions ? Gide par exemple… En 1935 le choix soviétique n’était-il pas une aussi grande faute que le choix fasciste ? Que savaient les intellectuels français de la folie de la politique raciale – antisémite - allemande ? Excuse : le problème social plus noble que le nationalisme ou la religion du Chef.

Intéressante présentation des échanges intellectuels qui ont suivi le 6 février 1934. Ramon Fernandez, Mauriac, Gide, Martin du Gard – qui seul garde la tête froide. Des mots, seulement des mots. L’URSS signera un pacte avec l’Allemagne nazie plongeant toute cette dialectique de gauche dans le pur verbiage tout comme les actes des nations fascistes plongeront les discours de droite dans l’horreur. Encore une fois, c’est l’antisémitisme et ses horribles conséquences qui atténueront le jugement sur le communisme et lui permettront de faire illusion sur les faibles et les aveugles (Sartre, Aragon).

Les idées, la générosité de Ramon Fernandez l’ont tenu longtemps loin du fascisme, on le trouve résolument à gauche, cependant il cède aux sirènes – Doriot en l’occurrence - ! Motifs personnels ? Séduction de la réconciliation simultanée ouvrier-intellectuel et intellectuel-action ? Ou bien, tout simplement, comme Drieu le laisse entendre au moins une fois en ce qui le concerne, choix de classe, des bourgeois qui choisissent leur propre camp ?

Paradoxalement, c’est, à la lecture, le plaidoyer de D.F. concernant l’échec de la vie privée de son père qui choque le plus. Une femme, aimante ou pas, ne peut que fuir un pareil homme si brillant soit-il ! Le caractère, cela ne s’invente pas, dans la vie privée, c’est nécessaire. Comment la disposition à l’angoisse de sa mère (D.F.) n’aurait pas été amplifiée auprès de ce mari ? (pp 483-486)

Un peu comme ces homosexuels honteux qui se mariaient pour « guérir », Ramon Fernandez se marie pour se réformer, passer du dandy à l’intellectuel stable et responsable. Ce mariage ne lui apportant pas la rémission, il se saborde !

Dénonciation du communisme stalinien, Istrati (1929) mais avant, Trotski (1927) puis Victor Serge (1928) qui ont les premiers, de l’intérieur, dénoncé le mal ? La madone des sleepings de Maurice Dekobra (1925), que j’ai lu grâce à Dominique Fernandez est de 1925, mais la dénonciation (description) du communisme n’y est pas vraiment « politique ».

P 543 : « Reniait-il ce passé ? Ou se punissait-il de l’avoir renié ? L’autogflagellation me paraît évidente, comme dans cette autre assertion : « Les révolutionnaires du Front populaire, sont de faux révolutionnaires tout à fait incapables … » Autoflagellation chez Ramon Fernandez, autodestruction chez Drieu, ces deux écrivains doriotistes, homosexuels refoulés, hommes à femmes, me semblent présenter beaucoup de caractères communs même si leurs parcours diffèrent.

Cette phrase de son père qui rend compte des mémoires du Comte de Kessler, que D.F. rapporte : « Etre Allemand disait-on, c’est faire une chose pour elle-même. Ce qui aboutit à une sorte de perfection aveugle qu’on peut employer aux fins les plus folles et les plus périlleuses. » pp 551-552

Lettre à Céline au sujet de Bagatelles, l’excuse de Ramon Fernandez fait penser à celle de Gide, le second degré. Irrecevable pour un tel fou immonde.

Et si Ramon Fernandez n’avait jamais été « de gauche » ? Si, intellectuel, il n’avait fait qu’utiliser des concepts et des idées pour se situer là où l’on acceptait le plus facilement ? D.F. nous montre un homme que son origine autant que son parcours social prédisposent à la religion du Chef.

« … il est si agréable d’être communiste dans un monde libéral. » p 604. Oui, dans un monde libéral, il faut seulement … ne pas être pauvre !

De Gilles de Drieu : Un livre raté. « Il laisse entendre le danger du vieillissement pour un livre qui colle trop près aux problèmes de l’époque et dont plusieurs personnages ont des modèles trop facilement reconnaissables … » p 610 Je pense au contraire qu’une des qualités de ce livre est de coller à l’époque : on ne rejoint l’universel qu’en plongeant dans le particulier. L’erreur c’est de croire qu’il faut s’arrêter là où on différerait des « autres ». D’ailleurs la lettre de Roger Martin du Gard semble répondre à cette question : «  … si peu de critiques consentent à ne pas chercher l’actualité dans un livre que j’ai écrit en 37-38 et qui se passe vingt ans plus tôt. » p 612                                                                                                                                                                                                                2

L’alcoolisme en réponse à « comment a-t-il pu ne pas voir … » « Il est arrivé – à la caserne – dans un état si avancé d’alcoolisme, qu’on l’a soumis à une cure de désintoxication » p 614

Ne pas mentionner l’antisémitisme des Beaux draps « … était une manière de la désapprouver, et c’est peut-être tout ce qu’il était possible de faire, en 1941, dans la presse de la collaboration. » p 635 Il était possible de n’en parler pas !

D.F. veut voir de l’ironie dans la description des officiers nazis ( p 657 ), je n’en vois pas, hélas, seulement de la propagande assez médiocre mais propre à une image de révérence.

D.F. a raison de dénoncer Sartre ou Aragon – il y en a d’autres – mais ils parlaient et écrivaient dans un pays libre – le leur. On ne peut pas, il est vrai, les créditer d’ignorance au sujet de ce qui se passait en U.R.S.S. il y avait eu assez de témoignages et les épisodes comme les procès de Moscou avaient été révélateurs. Il faudra attendre la bande de petits crétins maoïstes pour retrouver des idiots dénonçant très tardivement un communisme que tous, sauf eux dans les années soixante-dix, reconnaissaient pour ce qu’il était.

« Le 15 décembre, le journal Au Pilori, bien plus hideusement antisémite que l’Appel, envoie, SUR LA DEMANDE DE CELINE, une convocation à vingt-sept personnalités, invitées à discuter du problème juif, ni Xavier Vallat, ni mon père, ni Drieu n’acceptèrent de venir à cette réunion, dont rendit compte Au Pilori le 25 décembre. On y avait examiné les mesures à prendre pour sortir la France « de l’abrutissement où l’ont plongée trois quarts de siècle de domination juive. » » p 700 Et les céliniens qui prétendent que leur idole n’était pas active !

 

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1: Le livre de Dominique Fernandez, Ramon chez Grasset 2008

2 : Les beaux draps de Céline, 1941, un des trois livres les plus ignobles que je connaisse, les deux autres sont du même auteur

3 et 4 : Les romans de Ramon Fernandez, Le Pari, 1932 et Les Violents, 1935

5 : Jacques Doriot, La France avec nous, 1937 - L'ancien communiste, fondateur du PPF entrainera Drieu la Rochelle et Ramon Fernandez

6 : Dans la N.R.F. du 1er avril 1924, La garantie des sentiments ou les intermittences du coeur De R.F.

7 : N.R.F. du 1er septembre 1924, dans ce numéro et dans celui d'octobre paraîtra Surprises, une nouvelle sous forme de journal, de R.F.

8 : Dans la N.R.F. du 1er avril 1934, la Lettre ouverte à André Gide. "Mon cher Ami        Vous êtes communiste et je ne le suis pas encore ..."

9 : Messages première série, Gallimard 1926. Dédié à sa mère,

10 : André Gide, Corréa, 1931 " C'est la première fois qu'on me tend un miroir où je puisse voir une image de moi complète et non déformée " André Gide

11 : Moralisme et littérature, Corréa, 1932. Les conférences contradictoires prononcées à Lausanne et à Genève, avec Jacques Rivière, deux mois avant la mort de ce dernier.

 

   

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12 : L'homme est-il humain ? Gallimard, 1936

13 : Barrès, Editions du Livre Moderne (ex-Ferenczi "aryanisé") 1943

14 : De la personnalité au sans-Pareil, 1928

15 : L'interview de Marcel Déat dans La Gerbe, le journal d'Alphonse de Chateaubriant, le 27 novembre 1941

16 : Itinéraire français, Editions du Pavois, 1943

17 : L'Emancipation Nationale, journal du PPF. Le numéro du 28 janvier 1938

18 : Dans le même numéro (voir 17) l'article sur Molière dans une page Louis XIV

 

 

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19 : L'autre critique de premier plan de la N.R.F., Albert Thibaudet. Histoire de la littérature française, Stock, 1936

20 : Compte rendu de la réunion du 23 janvier 1935, sujet : André Gide. Ramon Fernandez, André Gide, René Gillouin, Jean Guéhenno, Daniel Halévy, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, Henri Massis, Thierry Maulnier, François Mauriac

21 : Jean Prévost, La terre est aux hommes, Gallimard, 1936 (L'émmigration) L'ami, résistant, qui sera tué dans le Vercors, la veille de la mort de Ramon Fernandez, écrivain également collaborateur de la N.R.F.

22 : Drieu la Rochelle, Genève ou Moscou, Gallimard 1928. Drieu qui se voulait politique

23 : Emmanuel Berl, La politique et les partis. Editions Rieder, 1932 L'ami de Drieu et, un temps, complice. Encore la politique ...

24 : Gilles de Drieu, 1939, ici en livre de poche, le "livre raté" connaitra d'assez nombreuses rééditions et est encore disponible aujourd'hui

25 : Avec Doriot par Drieu, Gallimard, 1937. Drieu qui pensait avoir trouvé en Doriot son homme à cheval, quittera le PPF

26 : La lettre à Céline (mon pote) au sujet de Bagatelles pour un massacre ( Emancipation Nationale du 4 mars 1938)

27 : La lettre à Céline, dans le même numéro un article de Pierre Drieu la Rochelle : Routines françaises à l'égard de l'Allemagne

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27 : Cahiers de l'Emancipation Nationale 1941, au sommaire Ramon Fernandez, Secrétaire général des Cercles Populaires Français, " Ouvriers et intellectuels français en Allemagne. " compte rendu du voyage à Weimar

28 : Dans le même cahier, " Les Hommes de Doriot " Rangée du milieu, Ramon Fernandez, à gauche.

 

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