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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

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MAURICE LEBLANC

Rouen 1864 - Perpignan 1941

 

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Maurice Leblanc au CLP   Les Clones d'Arsène

Messagrie ( Bourgeois.andre@9online.fr ) ( Français seulement, les pièces jointes ne sont jamais ouvertes. )

Après avoir débuté dans la carrière par des romans psychologiques dans la lignée des Maupassant et Flaubert, Maurice Leblanc butta sur Arsène Lupin. Il fut la première victime du "Gentleman cambrioleur", une victime que ce dernier ne lâcha plus, poussant même la malfaisance jusqu'à s'attaquer plus tard à des simili clones. Arsène, l'homme aux multiples visages, c'est la légèreté et l'intelligence, une intelligence à la fois extraordinaire et ordinaire à laquelle rien - ou presque - ne résiste et en cela on peut dire que c'est un produit attardé du XIXème siècle. C'en est encore un par sa filiation indubitable à Monsieur Lecoq d'Emile Gaboriau. Qu'on se souvienne de ce dernier à l'intelligence supérieure, au coup d'oeil décisif, aux multiples déguisements, c'est déjà du Lupin. Qu'on se souvienne enfin de cet aveu de Monsieur Lecoq : "C'est que, j'ai oublié de vous le dire, j'avais deux petits vices, j'aimais les femmes et j'aimais le jeu. On n'est pas parfait. Les 70 francs de mon astronome me semblaient insuffisants, et tout en alignant mes colonnes de chiffres, je songeais au moyen de faire fortune du soir au lendemain. Il n'est en somme qu'un moyen : s'approprier le bien d'autrui assez adroitement pour n'être pas inquiété. C'est à quoi je pensais du matin au soir. Mon esprit, fertile en combinaisons, me présentait cent projets plus praticables les uns que les autres. Je vous épouvanterais si je vous racontais la moitié seulement de ce que j'imaginais en ce temps-là. S'il existait, voyez-vous, beaucoup de voleurs de ma force, il faudrait rayer du dictionnaire le mot propriété. Les précautions aussi bien que les coffres-forts seraient inutiles. Heureusement pour ceux qui possèdent, les malfaiteurs sont des idiots. Les filous de Paris - la capitale de l'intelligence - en sont encore au vol à l'américaine et au vol au poivrier; c'est honteux........ Moi-même, un jour, j'eus peur de mes idées. Je venais d'inventer une petite opération au moyen de laquelle on enlèverait 200,000 francs à n'importe quel banquier, sans plus de danger et aussi aisément que j'enlève cette tasse. Si bien que je me dis; « Mon garçon, pour peu que cela continue, un moment viendra où, de l'idée, tu passeras naturellement à l'exécution. Et tenant absolument à utiliser les aptitudes que m'avait départies la nature, huit jours plus tard je remerciais mon astronome et j'entrais à la préfecture. Dans la crainte  de devenir voleur, je devenais agent de police." On me pardonnera cette longue citation d'une confidence de Monsieur Lecoq au Père Plantat (Le crime d'Orcival) mais comment en lisant ces lignes, compte tenu des caractéristiques de ce brave Lecoq, ne pas voir en lui l'inspirateur direct et très précis d'Arsène? Ce dernier ira même, on le sait, jusqu'à prendre la tête de la Sûreté sous le nom de Monsieur Lenormand, rejoignant ainsi son maître! Je serai surpris si l'on me disait qu'Arsène n'est pas né dans l'esprit de Maurice Leblanc de cette tirade ou d'une réminiscence de celle-ci ! Cependant, Yves Olivier-Martin dans le numéro de la revue Europe (Août-Septembre 1979) consacré à Arsène, mentionne d'autres ancêtres dus, par exemple, à Philibert Audebrand 1815-1906 ou Adolphe Belot 1829-1890.

Il y a cependant une grande différence entre Maurice Leblanc et Emile Gaboriau. En effet, si l'imagination semble pencher du coté de Maurice Leblanc, authentique auteur de romans d'aventures, - mais la carrière de Gaboriau ne fut-elle pas interrompue tôt par une mort précoce? - la solidité des oeuvres, la construction sans faille, la cohérence, revient à Gaboriau. Non que Leblanc se laisse aller à des intrigues bâclées, ce qui pêche chez lui - comme chez tout auteur de romans d'aventures - c'est la vraisemblance. "Quel pinailleur faites-vous!" me direz-vous peut-être! Mais, ce qui peut passer pour une licence naturelle chez tout autre auteur d'aventures, Dumas par exemple, devient gênant quand le ressort profond, unique pour ainsi dire, du héros, est l'intelligence! On voudrait parfois que, comme chez Gaboriau, Leblanc sache se limiter, se retenir, entrer plus dans le quotidien, ce quotidien que Gaboriau dissèque, pour nous montrer par exemple les diverses faces d'Arsène... impossible! Car l'invraisemblance éclaterait! Ce défaut qui n'empêche nullement de se laisser aller aux plaisirs des intrigues, des sortilèges et tours de passe-passe du Gentleman, vient hanter le lecteur, semble une facilité pour ne pas dire une sorte d'escamotage d'autant plus regrettable qu'il est le seul! Il est cependant quatre livres de la série des Arsène qui échappent à ce reproche, quatre qui laissent éclater intégralement et sans réserve l'immense talent et la féconde imagination de l'auteur : les quatre recueils de nouvelles. Arsène Lupin gentleman cambrioleur, les Confidences d'Arsène Lupin, Les huit coups de l'Horloge, L'Agence Barnett et Co. C'est dans ces courts récits, liées comme les Mille et une nuits pour les Sept coups de l'horloge, par l'Agence et le policier qui y fait appel pour Barnett, ou simplement regroupées, que se révèle tout le talent de l'auteur qui s'y montre digne élève de Maupassant dans un genre qui est loin de briller dans les lettres françaises : la nouvelle. Je pense cependant que ce qui fait le succès durable de Lupin c'est l'art de conter de Maurice Leblanc, un art sans faille. L'auteur met souvent en avant la force de convaincre, l'ascendant que peut prendre Arsène sur ses interlocuteurs, on peut dire sans hésiter que Maurice Leblanc possède la même force de conviction sur son lecteur. Quand on entre dans un roman de Leblanc, on n'en ressort qu'à la dernière page et même si on peut se permettre des réserves sur tel ou tel aspect on "marche" jusqu'au bout avec un réel plaisir. D'ailleurs Lupin est toujours dans la démesure, qu'il fasse entrer l'Italie en guerre en lui offrant trois cent millions de francs or, qu'il offre la Mauritanie à la France ou qu'il rencontre le Kaiser à la Santé ou le Président du Conseil chez lui! On sent alors Lupin derrière l'Histoire officielle, que ce soit dans l'ombre de Charlemagne quand il a fondé sa première école, de Jeanne d'Arc à Orléans et combien il manqua à Alexandre le Grand devant le noeud gordien!

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L' ÎLE AUX TRENTE CERCUEILS - 1920

 

C'est certainement un des très bons romans de Maurice Leblanc. Les deux premiers tiers du livre constituent un roman d'angoisse intéressant sur fond de vieilles légendes, de prophéties filandreuses. Angoisse, terreur, meurtres imbéciles, mystères, tout y est y compris, pour le lecteur, les possibilités de suppositions diverses, parfois suggérées par l'auteur, pour revenir à une simple rationalité. C'est finalement Don Luis Perenna, alias Arsène Lupin qui viendra rétablir cette rationalité dans une agréable et légère lupinade qui rend ce roman à sa destination. Il y est accompagné du Capitaine Belval héros du Triangle d'Or (1918). Le héros maléfique et fou est "superboche" ce qui  situe ce roman dans la lignée du très bon Eclat d'obus, du Triangle d'or ou des Dents du Tigre (1920). Au contraire de certains écrivains de l'époque, Maurice Leblanc n'oublie pas l'horrible guerre même si sa vision purement nationaliste verse dans un manichéisme simpliste.

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LES DENTS DU TIGRE - 1920

 

Un autre roman fort. Don Luis Serenna alias Arsène Lupin, amoureux de sa secrétaire, doit pour se disculper accuser des innocents qui sont encore des coupables mal assurés à ses yeux. Les complicités du Préfet de Police - nommé par lui - et du Président du Conseil lui permettent de jouer du coté des autorités tout en marchant sur des oeufs. De rebondissement en rebondissement le coupable sort de l'ombre en vingt-quatre heures dans les derniers chapitres et ne pèse pas lourd devant notre héros qui, décidément, demeurera Don Luis Perenna, citoyen péruvien de mère française et Grand d'Espagne! Deux cents millions sont en jeu, on se prend à regretter qu'il n'y ait un Lupin aujourd'hui pour mettre de l'ordre dans France Telecom, Vivendi et autres Crédit Lyonnais ou pour retrouver les centaines de millions envolés de la Mairie de Paris!

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LE DERNIER AMOUR D'ARSENE LUPIN 2012

Ce roman inédit met en scène un Lupin d'après Lupin, éducateur, amoureux et grand stratège. On retrouve le style de Leblanc peut-être un peu moins "balancé", si le roman au plan de l'intrigue était terminé, il ne l'était peut-être pas au niveau de l'écriture même s'il se lit sans problème tel quel. Ce n'est ni un grand Lupin, ni un grand Leblanc.

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UNE FEMME 1893

Paru en feuilleton dans le Gil Blas ce premier roman de Maurice Leblanc est écrit dans ce style brillant qui contribuera au succès des Lupin. C'est un roman naturaliste, réalisme me suffirait, dans lequel l'auteur nous peint un cas assez étonnant de narcissisme féminin. La femme s'admire et recherche l'admiration des hommes, tous les hommes, n'importe lesquels. Elle se déshabille devant eux avec un plaisir très fort, seulement celui de se montrer, elle se donne sans ressentir grand chose, machinalement, on l'initie aux "vices". Elle croit aimer, peut-être aime-t-elle une fois, un fort mauvais sujet. Elle parvient en sa ville de Rouen à cacher sa débauche et à conserver sa situation mondaine. Un "accident" de femme lui fait côtoyer la mort, le choc est violent, il la change. Elle rentre dans son foyer, oublie sa quête d'admirateurs ... Il y a quelques longueurs dans ce roman. L'héroïne me fait penser à certains hommes, sa quête aveugle, motif exclu, ressemble à la leur, son absence de sentiments réels, la ronde des partenaires, l'absence de choix ... " ... car je les aime toutes chez toutes il existe quelque chose à aimer, un coin d'âme ou un coin de corps ... " p 74 " Elle fut vraiment malheureuse, moins d'une souffrance déterminée que d'une absence de joies. Quelque chose lui manquait. Sans vouloir préciser vis-à-vis d'elle-même la nature de ces joies auxquelles elle aspirait, elle en sentait le besoin. Et ce besoin grandissait, devenait une impérieuse nécessité. Elle finit par se l'avouer, elle souhaitait ardemment une aventure quelconque. " p 97 " Dès son entrée, elle s'écriait : " Eh bien, parrain, quoi, aujourd'hui ?" Le vice la passionnait, bien que ses nerfs n'en fussent nullement ébranlés. Et encore ne l'aimait-elle pas pour lui-même, mais pour elle, par satisfaction personnelle. L'important n'était point de savourer une sensation neuve, mais de ne plus l'ignorer. Une force mystérieuse, en quelque sorte le sentiment d'un devoir à accomplir, la poussait. Il fallait savoir. Et elle s'en allait de là, calme et légère, le corps à l'aise, l'âme propre, sans que la pensée d'une dégradation quelconque l'effleurât. " p 155 " Tout être reste un mystère pour son prochain. On débrouille un côté de l'écheveau, l'autre s'embrouille. Il est des contradictions déconcertantes. Il est des mobiles lointains, invisibles, qui paralysent les plus récents, et qui mettent en jeu des pensées et condamnent à des actes en opposition flagrante avec le caractère présent. Un petit fait insignifiant, oublié, enseveli sous le tas des événements postérieurs, détermine, à un moment donné, une explosion de courage chez le lâche, de poltronnerie chez le brave, de vertu chez la femme dépravée, de vice chez la femme honnête. " p294 " Tant qu'elle avait pu demander beaucoup à la destinée, sa part ne la satisfaisait pas, et elle avait beaucoup exigé. Maintenant que ses droits diminuaient. ses besoins se restreignaient et elle acceptait, sans récrimination, le peu qui lui était octroyé. Son genre d'existence ne changeait pas parce que ses goûts avaient changé, mais ses goûts plutôt se conformaient au genre d'existence que lui imposaient des forces multiples. " pp 338-339

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LE SCANDALE DU GAZON BLEU 1935

Roman policier, roman d'amour, roman érotique et roman mondain, voici un cocktail réussi. L'auteur nous tient en haleine au travers d'une aventure un peu scabreuse par le négatif d'une enquête à rebondissements. Il y a crime et le suspens est à plusieurs étages dont celui des éventuels coupables qui ignorent l'étendue de leur culpabilité. Le récit est vif comme l'auteur sait en composer. Cela se lit d'une traite.

L'amour heureux n'est pas forcément un bloc de cristal impeccable et dur. Des impuretés, des ombres, des taches flottent dans cette transparence glacée. Mais l'œil ravi des ' amants ne les distingue pas et ne voit que perfection, unité et lumière insondable ... " (Dernière phrase.)

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Origine de la page : 6 août 2003

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