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LE GENERAL LANREZAC A BIEN SAUVE LA FRANCE EN AOUT 1914 !

 

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                                        Petite Bibliographie        L'offensive en 1914

Sur ce site : SUR LA GUERRE DE 1914-1918

Joffre un âne ... de Roger FRANKEL

Le 3 septembre 1914, le Généralissime Joffre, flanqué d'une de ses âmes damnées, le sinistre Gamelin, alors commandant, se présente à l'Etat-major de la Vème armée et en destitue le général de son commandement.

Des destitutions de généraux, il y en a eu, il y en aura encore, beaucoup, mais celle-là n'est pas ordinaire. Le général que l'on vient de mettre à la disposition de Gallieni, à qui il avait succédé à la tête de cette armée, et qui n'en a pas besoin, est le général Lanrezac, le meilleur stratège français de l'époque, ancien professeur à l'Ecole de Guerre, respecté et apprécié en France et même en Allemagne où le vrai mot serait peut-être craint. C'est aussi, en ce début de guerre, le seul général à avoir obtenu une victoire face aux Allemands à Guise, une victoire qui en cache une autre, bien plus grande.

En 1917, Paul Painlevé offre au Général Lanrezac le poste de Major général des Armées. Lanrezac refuse. "Ils ont sali mon nom, je n'aurais plus l'autorité morale nécessaire." Il recommande Pétain qu'il a jadis promu, il sera nommé et sera le généralissime le plus économe de vies de la guerre, ce qui n'est pas une morale, mais une stratégie et une stratégie dont dépend le sort de la guerre. Le 3 juillet, Lanrezac est élevé à la dignité de grand officier de la légion d'honneur.

Le 29 août 1924, jour anniversaire de la bataille de Guise le Président de la République sur proposition du ministre de la guerre, confère au général Lanrezac la grand'croix de la légion d'honneur. Le 6 septembre de la même année, le ministre de la guerre, général Nollet, le Maréchal Pétain se rendent au domicile de Lanrezac pour lui remettre les insignes de cette décoration. Le général ministre dit : "J'ai tenu, mon général, à assister à cette remise. Je m'associe de tout coeur aux paroles du Maréchal Pétain. Je n'ai jamais oublié que j'ai été votre élève et quel magistral enseignement vous donniez à l'Ecole de Guerre. Je suis heureux d'avoir pu vous faire donner cette réparation."

A Paris, aujourd'hui, une petite rue, proche de la place de l'Etoile, porte le nom du Général.

Que s'est-il donc passé en août 1914 et pourquoi Joffre a t-il destitué ce général dont on ne va pas tarder à reconnaître en France même qu'il a sauvé ce début de guerre ?

Pour bien le comprendre il faut remonter à quelques années plus tôt. Le général Michel a mis en place un plan de mobilisation défensif. A l'Ecole de guerre professe un certain Grandmaison (*) qui se fera justement tuer dès le début de la guerre. Pour lui, seule l'offensive paie, l'offensive à tout prix, dans n'importe quelles conditions. Cette théorie enflamme beaucoup de jeunes officiers revanchards et... carriéristes ! Les généraux en place sont "défensifs", il faut reprendre l'Alsace Lorraine, l'occasion est trop belle pour avoir de l'avancement rapide, bousculons les ganaches ! Il se trouve pourtant que la France d'après les guerres napoléoniennes est condamnée à la défensive au début de la guerre, une défense qui doit s'appuyer sur des bastions de la région Nord qui ont été solidement établis dès le lendemain de la défaite de 1870. Cette politique n'a pas d'ailleurs que des inconvénients, loin de là. La stratégie mise au point, utilisant à l'Est des défenses naturelles étayées de places fortes, consiste comme l'expliquera très bien le député du Calvados, Fernand Engerand, qui va se trouver au cœur des ces problèmes pendant et après la guerre, à attirer l'ennemi vers une grande voie de pénétration, la vallée de l'Oise, puissamment bordée de menaces, pour l'obliger à déployer le plus possible ses forces et donner le temps aux Français de concentrer suffisamment de forces pour le recevoir.

Michel et son plan, vivement attaqués, passent aux oubliettes, on nomme Joffre qui va mettre au point le plan XVII, un plan qui va satisfaire aussi bien les jeunes de l'Etat-major que les politiques revanchards. Ainsi, au lieu de remettre en état les places du Nord, on va les laisser à l'abandon. On va sacrifier l'artillerie lourde, trop encombrante dans l'attaque. On va également doter l'armée de peu de munitions pour l'artillerie de campagne, ces dernières sont trop encombrantes et puis, de quelle utilité seraient-elles si l'on boute les Allemands en Pologne dès la première charge ? Les mitrailleuses, trop encombrantes également existeront mais ne seront pas considérées comme essentielles ! Dernière faute, on ne pense pas que les Allemands attaqueront très à l'ouest, ils violeront le Luxembourg, certainement, un peu la Belgique, mais pas plus. Erreur encore plus grande, malgré des avis multiples, on s'obstine à considérer qu'ils n'utiliseront pas en première ligne les corps de réservistes, donc on sous-estime gravement leur puissance.

Quand Lanrezac est nommé à la tête de son armée, la Vème, à la suite de Gallieni il fera part à l'Etat-major de ses inquiétudes sur la situation de son armée en cas de conflit, Gallieni a fait de même avant lui. Il est trop tard et de toutes façons il n'a aucune chance d'être écouté.

Dès le début de la guerre Lanrezac sait qu'il n'a aucune chance de déboucher au nord des Ardennes, dans un espace que les Allemands occuperont avant lui. Rapidement il va se trouver avec son armée, non seulement dans l'impossibilité de heurter les Allemands mais avec un risque important d'être encerclé. Un simple regard sur les positions du 23 août est révélateur, les Allemands sont en passe d'encercler la Vème armée, forte de 290000 hommes, de 100000 chevaux. Ce sera la gloire de Lanrezac de décrocher et de le faire si intelligemment qu'il parviendra à sauver son armée mais aussi à donner un coup aux Allemands à Guise.

Pour quelles raisons alors le limogeage ? Parce que Lanrezac est la tête de turc de l'Etat-major, le principal témoin de son incompétence totale, parce que selon Joffre lui-même, c'est son successeur naturel. Limoger Lanrezac, c'est trouver un bouc émissaire de plus pour justifier la perte de la bataille des frontières, cette bataille imbécile voulue décisive par un généralissime qui n'est qu'un très bon officier de génie (qualité qu'il saura d'ailleurs utiliser pour réparer ses fautes, mais les réparer bien petitement). Pierre Miquel dans son histoire de la Grande Guerre se contente de rapporter les accusations de Joffre contre Lanrezac, "A bout de nerfs" et "trop raide avec French", le généralissime anglais. Elles sont des calomnies de l'Etat-major, rien de plus, il y en eut d'ailleurs d'autres encore plus graves. French en donnera l'assurance en ce qui le concerne, et les témoins des événements, subordonnés de Lanrezac en particulier, diront le contraire en ce qui concerne ses nerfs. (Cela aurait été, d'ailleurs que cela ne justifiait qu'un repos mérité après l'exploit que constitue le sauvetage de son armée, car il faut des nerfs solides pour faire pivoter et reculer en ordre une armée de 300000 hommes, dotée de 100000 chevaux, tout en surveillant les mouvements d'un ennemi plus puissant alors même que certains officiers prennent des initiatives malheureuses contre les ordres mais selon un règlement imbécile !) Miquel pose la question dans son livre sur les généraux, pourquoi ne pas les avoir jugés ? La réponse est simple mon Prince ! Parce que Joffre s'est déchargé de ses erreurs énormes, de son entêtement stupide, sur les généraux de ses armées pas tous si incapables qu'on veut bien le dire ! Des procès ! Cela aurait été un déballage nuisible au moral de l'armée et peut-être mortel pour son chef ! Il reconnaît d'ailleurs lui-même que l'incapacité de certains va être de lancer des attaques inutiles et meurtrières contre les ordres de leurs chefs ! A vouloir trop prouver, on ne prouve plus rien ! Il suffit d'ailleurs d'avoir servi dans un grand organisme pour savoir comment fonctionne, en cas d'échec grave, une hiérarchie d'incapables - presque un pléonasme !

Il ne sert de rien d'ironiser sur la guerre zéro mort ! Il y a deux moments où l'offensive est à bannir dans cette guerre, où elle est suicidaire, le début et les mois qui précèdent l'arrivée massive des Américains. Le début parce que le terrain est tel pour les Français qu'une offensive à l'Est se heurte aux bastions de la défense allemande et est impossible et au Nord au terrain peu favorable occupé en premier par les Allemands - la violation de l'espace belge nous étant diplomatiquement autant que stratégiquement impossible. Ce qui est possible, mais le plan XVII ne le permet pas, c'est de manœuvrer l'adversaire après l'avoir laisser s'engouffrer dans le piège qui lui était réservé dans la vallée de l'Oise... encore aurait-il fallu qu'il y eut piège !

Maintenant je vais dire ce qui me plaît chez Lanrezac : il a été confronté à des crétins "officiels", une race que je connais bien, a fait son travail le mieux possible et, victime de magouilles, s'est retiré sans un mot ! Situation éternelle dont les enjeux ne sont pas toujours aussi vitaux, heureusement !

(*) Il semble bien que Grandmaison n'ait pas été qu'un pompeux imbécile, c'était certainement une sorte de factieux. Il lançait sa théorie pour faire pièce au " mauvais esprit " des politiques qui auraient créé un état d'esprit néfaste dans l'Armée. Le caractère factieux de cette imbécile théorie fut intégré dans le règlement qui, faisant obligation aux hommes de mener l'offensive, les mettait potentiellement en état de devoir contrevenir aux ordres formels. L'Armée de Grandmaison était une armée incontrôlable, ce que les faits prouvèrent rapidement dans le premier mois, catastrophique, de guerre et ses 300000 morts. Peut-être serait-il intéressant de savoir dans quelle mesure Grandmaison a pu être influencé, par réaction, par le souvenir de 1870 et de Bazaine !

 Petite bibliographie :

Fernand Engerand :

Le secret de la frontière, Charleroi, 1815 - 1871 - 1914

Lanrezac

Général Lanrezac :

Le plan de campagne français

Jean de Pierrefeu

Plutarque a menti

Nouveaux mensonges de Plutarque

Beau et Gaubusseau :

Aout 14 Lanrezac a-t-il sauvé la France?

 

 L'Offensive en 1914

La stupidité de l'Etat-major de 1914, ne tient pas au fait qu'il désirait l'offensive, mais bien à une théorie de l'offensive à tout prix, parfaitement stupide. Une théorie qui ignore la stratégie, qui ignore les réalités d'un armement lourd, d'une guerre totale.

Vouloir l'offensive à tout prix, c'était lancer les troupes baïonnettes au fusil sur un ennemi préparé qui les attendait et n'en rêvait peut-être pas tant! Un ennemi qui avait fait ce que le plan français, avant le fameux plan XVII prévoyait contre quoi la défensive était : s'appuyer sur des lignes de défenses naturelles là où elles existaient, renforcer ces lignes de défense et créer une étroite voie d'invasion dans laquelle l'ennemi n'oserait pas se fourvoyer ou dans laquelle dans le cas contraire il serait plus aisé de le manoeuvrer. Un bon stratège choisit son terrain, c'est l'Abc de la guerre. Nos généraux ne choisirent rien, ils prévoyaient de se ruer sur un ennemi averti - ou, plutôt, ils envoyaient leurs hommes sur lui, au massacre sur un terrain que ce même ennemi avait lui-même choisit comme le rappelle Fernand Engerand dans son livre Le secret de la frontière.

Ce ne sont pas les généraux qui étaient trop stupides pour pratiquer l'offensive préconisée par l'Etat-major, sous Joffre, c'est un Etat-major imbécile qui méconnaissait gravement les réalités de la guerre. Joffre a pu passer pour le héros de la bataille de la Marne, il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais il ne faut pas oublier qu'il n'y a eu cette bataille que parce que les plans de l'Etat-major du même Joffre ont échoué lamentablement, dans le sang gaspillé et que sans Lanrezac, elle n'aurait même pas eu lieu, Charleroi aurait été un second Sedan, la messe aurait été dite et nous parlerions peut-être allemand aujourd'hui! Au regard de l'histoire, de sa malhonnêteté, Joffre ne mérite pas la première de ses étoiles et pas le moindre hommage!

 

 

 

 

 11 novembre 2002 (mise à jour 23-juin-2005)

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