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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

 

LA GUERRE DE 1914 - 1918

 

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Le Grand Désarroi                                               

JOFFRE un âne qui commandait des lions de ROGER FRAENKEL

 

" Le droit de refuser la mort est le droit premier de tout citoyen, l'armée des conscrits une abomination et un crime permanent. En 14-18, la conscription a fait 1 300 000 morts en France, près de 10 000 000 en Europe. Aujourd'hui, nous pouvons le dire : ils sont morts pour un monde plus noir, plus pourri, pour une misère plus grande, ils sont morts, victimes de ceux qui tuent le progrès. " A.G. Bourgeois

 

 

 

Née de l'affrontement des intérêts franco allemands, autant que de l'arrivée de la puissance allemande dans le concert européen où elle succédait sous les yeux de l'arbitre anglais, à l'Espagne, puis à la France, cette guerre fut pour la France la plus meurtrière qu'elle ait connue. On sait que l'Etat-major français avait fort mal préparé ce conflit, sur des bases archaïques autant qu'imbéciles et que les revanchards au pouvoir s'étaient montrés patriotes d'apparat plus que d'efficacité. Les soldats payèrent et payèrent chèrement l'incompétence des chefs. Une question hante encore aujourd'hui ceux qui se penchent sans ce fameux recul - l'arme des imbéciles pour pouvoir ignorer l'horreur - sur cette période : la guerre était-elle inévitable ?

 

Autant le dire d'entrée, il n'existe pas de bons livres d'histoire sur cette guerre qui n'a été traitée que par des vulgarisateurs incapables de démêler les fils des intrigues multiples et qui, en tant qu'Histoire, reste à écrire. Quant aux mauvaises œuvres de fiction(*) écrites par des gens qui n'ont pas vécu cette période, pourquoi irait-on s'en embarrasser quand il y a autant de témoignages intéressants, d'écrivains plus talentueux et de combattants les uns comme les autres plus authentiques ?

 

- Gabriel Chevalier, La Peur : Pour beaucoup, ce livre est le meilleur écrit sur cette période. Un livre qui, après avoir figuré au catalogue du Livre de Poche, était difficile à trouver et qui a été réédité avec bonheur récemment (Passeur)

- Jean Bernier, La Percée : Ce livre flamboyant dont Pierre Drieu la Rochelle écrivait qu'il est le meilleur sur la guerre, meilleur que les siens, est un véritable chef d'œuvre, un livre qui ne fait ni éclater ni exploser la langue ou la littérature comme le prétendent les ânes des ignobles écrits de Céline, mais un livre qui en exploite les possibilités, qui donne au mot un sens si plein, si fort qu'il semble nouveau. Un des maîtres de la langue, un styliste qui sait que le style est au service des idées et qu'il n'est rien, vide, mort né, sans elles.

- Erich Maria Remarque, A l'Ouest rien de nouveau : Le grand classique allemand de cette période.

- Roland Dorgeles, Les Croix de bois :

- Gabriel Jolinon, Le valet de gloire :

- Henri Barbusse, Le Feu. Un livre longtemps considéré par "certains" comme le classique de la guerre de 14-18.

- Pierre Drieu le Rochelle : La Comédie de Charleroi, des nouvelles qui forment presque un roman. Une des meilleurs œuvres de l'auteur, une œuvre de témoignage autant qu'une œuvre littéraire importante. D'une certaine façon on lira également avec intérêt Gilles qui déborde la guerre mais ne cesse jamais vraiment d'en parler.

- André Theuriet, Rouge et sang

- Joseph Lintier, Ma pièce de soixante quinze

- Général Lanrezac, Le Plan de campagne français : Le témoignage indispensable et sobre de celui qui fut le sauveur de la France dans ce premier mois de guerre où les erreurs du haut commandement coûtèrent si cher.

- Fernand Engerand, Le Secret de la Frontière : Ecrit par un député au cœur de la tourmente, ce livre est indispensable à qui veut comprendre les premiers affrontements et les erreurs du commandement français.

- Cardinal Alfred Baudrillart, Journal : Les catholiques pendant le conflit. Témoignage intéressant d'un homme qui devait plus tard, suivre ses semblables dans les voies de la collaboration.

- Jean de Pierrefeu, Plutarque a menti, Les nouveaux mensonges de Plutarque : Trucages et défaillances du commandement par un homme peu soupçonnable d'antipatriotisme ou d'antimilitarisme!

- Ernst Junger, Orages d'acier : Le plus beau livre sur cette guerre. Ecrit par un héros allemand qui devait mourir à plus de cent ans après avoir été blessé gravement trois fois au front, en dehors de toute rhétorique pacifiste, ce livre fait d'autant plus peur par ce qu'il montre.

- Roger Martin du Gard : L'été 14. Ce livre qui termine le seul grand roman cyclique* de la littérature française, Les Thibault, valu à son auteur le Prix Nobel. (* Au-delà des apparences, je ne considère pas le chef d'œuvre de Proust comme un roman cyclique, ce qui ne constitue aucunement une critique, seulement un choix de type romanesque.)

- Jean Giono : Le Grand Troupeau. L'œuvre d'un pacifiste. "Gâcher la vie! Gâcher la vie!". La guerre réduite à ce qu'elle est : la mort et l'absence.

- D'Harcourt Robert : Souvenirs de captivité et d'évasions 1915 - 1918. Des aspects peu traités de la Grande Guerre.

 - Prudhon Joseph : Journal d'un soldat 1914 - 1918 Recueil des misères de la Grande Guerre. ( L'harmattan 2010 )  Joseph Prudhon voir également

 Curzio Malaparte : Caporetto : un texte magnifique d'un des plus grands écrivains du XXème siècle.

Edité par son petit fils, Michel Vouillot et sa femme, ces carnets couvrent la totalité de la guerre de 1914 - 1918 au cours de laquelle Joseph Prudhon servit dans l'artillerie. Trois frères servaient dans l'infanterie, un sera tué vers la fin de la guerre ainsi qu'un beau-frère  plus tôt. C'est une bonne action que de publier ces carnets à une époque où certains, contempteurs des droits de l'homme, semblent avoir la nostalgie de la grande époque des nationalismes où pas un Président de la République ne manque d'aller faire le clown sur des tombes de généraux félons. Joseph Prudhon qui est un de ces millions d'hommes "ordinaires" qui ont subi cette abomination, pour la France on estime le nombre des morts à 1 300 000, il fut beaucoup plus élevé si l'on tient compte de ceux qui moururent dans les années qui suivirent l'armistice des suites de toutes les saloperies ramenées des tranchées. Pas de trace dans ces carnets du Père la Victoire, lamentable image d'Epinal des journaux nationalistes, ici, on ne parle que des jusqu'au-boutistes qui jouent avec la vie des autres et - Joseph Prudhon ne le sait pas encore, mais avec celle des générations futures, puisque ces abrutis, Clémenceau en tête, ne seront pas capables de stabiliser l'Europe à l'issue du conflit, il s'en faut de beaucoup. Ne le savait-il pas Joseph Prudhon quand il écrivit ces carnets sous les bombes, dans la boue, parfois couvert de poux ou mangé par des exémas ? Rien n'est moins sûr ! Dans une longue note, la plus longue de ces carnets, Joseph écrit : " Ah ! Oui, Poilu est un nom qui nous va bien ! Ce sont bien les poilus, les abrutis qui se font tuer, sans aucun avantage que la misère à venir. " La même question revient toujours et encore : comment ces hommes n'ont-ils pas retourné, en France comme en Allemagne, leurs fusils sur les enfants de putains qui les gouvernaient ? La réponse est simple. Trop tard. C'est en temps de paix qu'il faut se débarrasser de tous ces salauds. Et, en temps de paix, les fausses démocraties, les journaux, les médias, abreuvent la population de mensonges, l'endorment, lui font déjà tout subir testant la résistance du corps social jusqu'au moment de le mener aux abattoirs. La réduction de l'âge de la retraite, le démantèlement de la Sécurité Sociale, de la justice, de l'Education Nationale, la liquidation des entreprises d'état, l'ouverture des frontières aux marchandises - aux saloperies du tiers monde et de la Chine, - jusqu'aux âneries calculées d'un Zemmour, ce Barrès de la médiocrité, tout cela est dans la ligne des grandes tueries, dans le même mépris du peuple, hélas, mérité ! Car Joseph Prudhon, comme mon grand-père, a été jusqu'au bout, avalant les gaz avec les bobards de la démocratie tueuse, ne croyant certainement pas plus à l'une qu'à l'autre, mais acceptant en assumant, après la guerre, son rôle de chef de famille. Au moins a-t-il laissé ces carnets, ces pauvres notes, dans lesquelles il nous dit simplement, quotidiennement, l'horreur et sa lucidité, et cela c'est un petit pas dont ses enfants et petits enfants et ..., nous, devons tirer quelque chose dans un monde livré plus que jamais au mépris de l'homme.

Cela devient long et l'on n'avance guère. " 14 janvier 1915, " ... nous crevons de faim. C'est dégoûtant d'être traités de la sorte " 18 avril 1915, " Nous crevons de faim, du pain moisi, et de la viande qui empoisonne." 23 avril 1915. Le premier septembre 1915, en Champagne : " ... nous dormons dans la boue. Nous n'avons qu'un brin de paille chacun que nous volons aux chevaux. ", " Ce n'est pas la peine de payer ces gens-là pour nous commander de la sorte, le premier venu aurait plus d'intelligence. Pauvre Peuple " 18 septembre 1915. Le 27 janvier 1916, l'armée fait un essai de gaz sur les soldats enfermés dans une grotte, on atteint ici au comble de la saloperie, le responsable sera Maréchal de France et reçu triomphalement à l'Académie Française !

Par ce mépris des hommes que Joseph Prudhon par son simple témoignage met bien en évidence, la guerre de 1914 - 1918, telle qu'elle s'est déroulée dans l'armée française, préfigure bien l'horreur absolue qui suivra et dont les nazis seront le vecteur. Vecteur expiatoire d'une société trop prompte en l'occasion à oublier qu'elle a ouvert la voie et qu'elle porte l'entière responsabilité de ce qui a suivi. (Novembre 2010)

*Il semble en effet que cette guerre succède en partie chez les imbéciles, avec la période napoléonienne, au goût non moins stupide de l'égyptomanie qui fit la fortune de mauvais écrivains il y a peu.

28 décembre 2002 (Mise à jour 10 juin 2008)

 

"Laissez les historiens faire l'histoire ..." D'abord, "ils l'a font". C'est à dire qu'ils la façonnent, pour la plupart, à leurs idées. Ensuite, si les carences abominables, effarantes, de l'Etat-Major étaient et sont connues et soulignées par presque tous les historiens, les conséquences n'en sont pas toujours tirées. A savoir que celui qui cautionnait tout cela ne pouvait être qu'un sombre crétin et Joffre en fut un. Il a, Joffre, eut le génie des chemins de fer, entendez, il a brillamment utilisé les moyens de transport pour gagner la course à la mer. Oui, mais il était quand même plus facile d'utiliser nos moyens, intacts, que, ce que les Allemands devaient faire, courir sans moyens car ceux-ci étaient détruits au fur et à mesure de leur avance en terrain ennemi. Joffre n'a pas été glorieux, il a, dans ce seul cas, été "à la hauteur" de la tâche. Il aurait pu être nommé à la tête des compagnies de chemin de fer, encore y aurait-il certainement truqué les horaires pour cacher les retards, comme il l'a fait des ordres aux armées, enregistrés seulement après qu'ils aient été exécutés, quand on savait s'ils avaient été catastrophiques ou non. Aujourd'hui, je ne doute pas que dans les bonnes écoles on apprenne la vérité au moins en partie sur ce premier mois de guerre qui a été un crime de l'Etat-Major. Mais, il reste des historiens vulgarisateurs qui ne disent pas la vérité, il reste des statues à déboulonner, des titres de maréchal à retirer pour écrire l'histoire comme elle devrait l'être. Il reste un grand mensonge. La plupart des généraux incompétents ne l'étaient que parce qu'ils obéissaient au règlement doublé des ordres imbéciles. Ceux qui comme Lanrezac, obéissaient mal à des ordres criminels, obtenaient des résultats, voire empêchaient la catastrophe, ont été balayés sous les mensonges de Joffre ... comme par hasard frappé par la maladie d'Alzheimer lors de son audition par la commission d'enquête après guerre : il ne se souvenait de rien, le pauvre homme ! Même pas de 300 000 morts, assassinés par lui ! Maréchal !  (16-9-2009)

 Emil Ludwig : Juillet 1914 (1929 - Petite bibliothèque Payot)     

Un livre qui nous vient d'outre Rhin, qui fut interdit puis brûlé par les nazis. L'auteur étudie et dénonce les lourdes responsabilités des Cabinets ministériels et des Etats-Majors, de petits groupes de dirigeants, dans le déclenchement de cette guerre monstrueuse. Il le fait sous une forme proche du roman, animant des scènes brèves entre certains protagonistes qu'il fait revivre pour nous. On pourra lui reprocher deux choses : de sous-estimer les causes à long terme même si elles sont évoquées et de dédouaner un peu vite les peuples. Il y avait du coté français une vraie mythologie de la revanche autour d'Alsaciens et de Lorrains tels Barrès et Poincaré, la petite bourgeoisie se nourrissait volontiers de rêves héroïques, ceux dont témoigne un Drieu la Rochelle, réaction à la défaite de 1870 dans les brumes napoléoniennes prétendument glorieuses. Les peuples basculèrent trop facilement comme ils le font toujours dans la guerre. Il n'y eut qu'un assassin, Vilain, et sa main se porta sur le grand pacifiste et pas sur les salauds qu'il fallait éliminer : les fauteurs de guerre, les pousse au crime, Poincaré, Barrès, Joffre, Clémenceau ... et un jury populaire l'acquitta après guerre, signant le commandite d'état de ce crime. Pour le reste ce petit livre est une lecture très instructive du manque de discernement des hommes politiques et de l'abrutissement des militaires guerriers. S'appuyant sur des textes officiels, "démaquillés" l'auteur y fait peut-être encore preuve de naïveté quand il crédite certains responsables tels le Kaiser, de bonnes intentions passagères là où il ne dut n'y avoir qu'imbécilité et duplicité comme il le démontre en général.

Les fusillés : Des  centaines de poilus ont été fusillés après des jugements sommaires, pour désertion, rébellion ou tout autre motif farfelu. Les juges étaient encadrés par des officiers planqués. Non seulement ces exécutions d'hommes traités comme du bétail, envoyés à l'abattoir par des généraux incompétents, par des salauds tels que Joffre ou Nivelles - qui eux n'ont pas été fusillés - sont des infamies et sont toutes, sans exception des crimes puant l'injustice car nul homme n'est fait pour être traité comme ces putains de nations - France, Angleterre, Allemagne, Russie, Bulgarie, Turquie, Serbie, Autriche-Hongrie, Portugal et autres, l'ont fait, mais ce sont ceux qui, comme en Russie, ont mis la crosse en l'air, ont fusillés les salauds galonnés et planqués qui les faisaient se massacrer et les livraient sous les obus, qui sont les véritables héros.  Le droit de ne pas faire la guerre est le premier droit de l'homme, nié, bafoué, par tous les salauds de Présidents de la République que la France a connu, mais respecté par les Rois de France qui n'envoyaient se battre que des mercenaires.

Il paraît que M. Dupont Aignan a déclaré : "Je ne supporte pas les déserteurs, ces gens qui en 14-18 ont refusé de se battre, les collabos de 40 !" Que de tels crétins (ou salauds) puissent encore se trouver est accablant pour l'intelligence et la civilisation. M. Dupont-Aignan est un pauvre type, un tueur de salon, un de ces petits salauds qui envoient les autres à la mort, qui font des déclarations cocardières. Je l'ai écrit et je le réécris : le premier des droits de l'homme est le droit de vivre, il inclue le refus des guerres, on vit pour une Patrie, on ne meurt pas pour elle car la Patrie qui vous demande votre vie, est la patrie des imposteurs. C'est dans la famille politique de ce triste crétin que l'on a compté la grande majorité des collabos au nombre desquels la quasi totalité (moins 1) des évêques de France, il semble l'avoir oublié.

 

Les causes de la guerre :

Il faut distinguer en ce domaine les causes immédiates, le processus qui, de l'assassinat de l'Archiduc par un serbe va conduire à la conflagration générale de l'Europe et les causes profondes lointaines de ce conflit. Avec la Révolution française, l'Europe passe à ce que l'on pourrait appeler l'ère moderne des conflits et moderne n'est pas ici une qualité il s'en faut de beaucoup. Jusque là, les guerres avaient été le plus souvent des affrontements de mercenaires, de familles titrées. Certes les grandes rivalités, Espagne contre France-Angleterre, France contre l'Europe, étaient déjà des conflits d'intérêts nationaux, mais les nations n'étaient vraiment engagées que par les contributions financières. C'est la Révolution Française qui, au nom des Droits de l'Homme, va glorifier la Nation et nier ce droit fondamental de l'Homme : Vivre, en instituant la Conscription. On peut dire que cette institution qui s'appuie sur la conception de l'Etat-Nation, fut le plus grand crime de la Révolution Française, un crime qui à terme mènera au suicide de l'Europe et marquera définitivement le monde. La fin du XIXème siècle voit en Europe une France forte mais affaiblie par la défaite de 1870, une Allemagne prussienne jeune et forte, une Angleterre riche, puissante à la tête de son empire. A coté de ces trois puissances, une Italie toute jeune qui entre sur la pointe de pieds dans le concert des nations, deux empires moribonds, le Turc qui se fait dépecer, il a perdu le Maghreb, ses possessions d'Europe et l'Egypte, l'Autrichien qui se survit, divisé par des nationalités montantes, sous le règne d'un vieux monarque. Reste la Russie, un empire beaucoup plus malade que l'on ne le pense. La défaite face au Japon, les secousses de la Révolution de 1905, l'écart immense entre les campagnes ultra majoritaires et l'industrie très moderne, une des plus modernes du monde, liés à un manque d'infrastructures et un pouvoir incompétent et erratique font de ce géant au réservoir inépuisable d'hommes, un homme de plâtre. La période qui précède 1914 est marquée par deux événements qui vont pourrir la vie politique de l'Europe, deux annexions : celle de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, effectuée par l'Allemagne au détriment de la France et celle de la Bosnie et de territoires serbo-croates, slaves, par le vieil empire autrichien. La Serbie, née comme la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie de l'effondrement turc a vaincu déjà deux fois pour se constituer, nation des slaves du sud (plus tard : Yougoslavie), elle est sous la protection de la Russie, nation des slaves du nord qui vise le contrôle du Bosphore sur le chemin duquel il y a maintenant non plus le friable empire turc mais la Roumanie et la Bulgarie.

Au lendemain de la guerre de 1870, les clés de la paix sont entre les mains de la France. Si elle est capable de passer par dessus sa défaite et de se rapprocher de l'Allemagne, tout est possible dans cette Europe, riche, qui est en mesure de se partager les monde hors Amériques qui deviennent déjà le champs réservé des Etats-Unis. L'Allemagne vise l'extension à l'Est, mais elle s'intéresse elle aussi, tardivement à l'Afrique où elle se taille un bel empire qui gêne la France certes, mais bien peu, surtout l'Angleterre à l'Est et au Sud. En France, les provinces perdues deviennent un mythe, tout ce qu'il y a de réactionnaire, de conservateur, va entretenir ce symbole : il faut récupérer l'Alsace et la Loraine. Patiemment, la France va nouer des alliances, avec l'Angleterre, que l'Allemagne gêne en Afrique et qui a toujours été l'ennemie de la puissance dominante du continent, mais aussi et cela relève d'un tour de force, avec la Russie, en opposition elle aussi avec l'Allemagne. De son coté l'Allemagne va multiplier les plans d'invasion de la France, étape indispensable, selon ses stratèges, de la lutte contre la Russie. Ces plans sont autant de stimulants pour la France laïque et républicaine et son  alliance avec l'Empire orthodoxe du knout, contre nature, répond aux fantasmes allemands. Elle est également fragile militairement, de la faiblesse russe. Le manque d'infrastructures russes est un lourd handicap. La France, au début de ce XXème siècle le sait et elle va, à marches forcées et à coups d'emprunts, dits Russes, construire des chemins de fer stratégiques. La Serbie, protégée par la Russie, ennemie de l'Autriche amie de l'Allemagne, est naturellement de cette alliance, elle vise elle à l'unification des slaves du sud. Ainsi la France républicaine, revancharde, encercle par un jeu d'alliance les deux empires allemands. L'Italie quant à elle, alliée aux deux Empires centraux et rivale de Vienne, n'est pas crédible dans ce rôle.

La montée du socialisme en France, en Allemagne, en Russie, inquiète les milieux financiers, religieux, industriels, bref, la bourgeoisie qui est au pouvoir partout, aussi bien derrière les vieux empires que derrière le dernier né, l'Allemand ou en France et en Angleterre. Nul doute qu'en réponse à l'internationalisme socialiste puisse réponde la guerre bourgeoise, impérialiste, des nations. Ce n'est pas une priorité des états concernés, mais c'est un bénéfice indirect qu'ils peuvent attendre d'un conflit.

Une question importante : se rend-t-on compte vers quel monstrueux conflit on se dirige ? La réponse est double. Je dirais oui, parce que partout on sent l'importance des moyens qui seront mobilisés, non parce que personne ne sait qu'on se dirige vers une guerre totale, surtout du coté allemand où l'on se berce de l'illusion d'une victoire rapide et décisive. L'Allemagne veut-elle la guerre ? Avant juillet 14, non. Elle a déjà accepté des compromis alors que le conflit menaçait mais, encerclée, consciente des interventions françaises à l'est, de la montée militariste en France, elle sait que le temps va désormais jouer contre elle. La France prépare la guerre pour 1916-1917, elle va lui répondre, elle qui est "prête" en se précipitant sur la première occasion qui se présente. L'Allemagne se laissera-t-elle manipulée consciemment ou pas par Vienne ? Le Kaiser qui n'est, comme la plupart des souverains de l'époque et la majorité des hommes politiques, qu'un imbécile très ordinaire va suivre puis précéder les manipulations et mensonges de Vienne. Paris va laisser se développer un jeu que l'on espère vainqueur même mal préparé. Le tandem Poincaré, Joffre et un assemblage de crétins satisfaits. Ce sera le même Poincaré qui provoquera l'accession au pouvoir de Hitler après guerre et un homme de paille de Joffre, un autre crétin devenu Général, Gamelin, qui présidera à l'effondrement militaire français.

Sur quelle base l'alliance franco-allemande aurait-elle pu voir le jour ? Les mains libres en Afrique pour la France et l'Angleterre, l'intérêt de l'Allemagne étant alors de mettre en opposition ces deux pays qui sont déjà rivaux en ce domaine. Les mains libres à l'Est pour l'Allemagne, c'est à dire la main mise sur les Balkans, sur la Pologne et la Russie, cette dernière peut-être seulement en tant que zone d'influence, mais zone d'influence sous contrôle à la suite, pourquoi pas, d'une guerre germano-russe avec l'assentiment de la France. Dans ce contexte pourquoi pas un règlement des provinces perdues, pas en les restituant, mais en créant un état tampon ? Rêve ? Peut-être, on ne réécrit pas l'histoire. La paix aurait-elle été viable à long terme en supposant qu'elle puisse s'installer ?

L'incapacité de s'entendre entre la France et l'Allemagne au lieu de s'appuyer mutuellement, créé les conditions nécessaires à l'éclatement d'un conflit. Seulement les conditions nécessaires. La perte des provinces de l'est est dans l'attitude de la France décisive. Leur annexion est la grande faute de Bismarck qui a été incapable de comprendre que le nationalisme ne peut accepter durablement la perte d'un territoire, donc qu'elle condamne l'Allemagne à une paix armée même s'il essaya de réparer par la suite sa tragique erreur en se rapprochant de la France, politique trop subtile pour les lourds teutons qui lui succéderont.

Pourquoi la guerre en 1914 ? Je serais tenté de répondre simplement : quand on a tout mis en place pour que quelque chose arrive, il est naturel que cette chose arrive. Le détail des événements accable l'Autriche. Cet empire moribond va être la cheville ouvrière de la guerre, il va entrainer l'Europe dans son naufrage et l'Allemagne l'appuie autant par légèreté, incompétence que sous la pression des intérêts industriels qui rêvent encore d'annexions du coté français ou par conviction, comme on vient de le voir, que le temps désormais joue contre elle. L'Allemagne, répétons-le, qui va engager dès le début du conflit, d'énormes moyens, qui a soigneusement préparé ce conflit et qui est prête contrairement à la France dont l'incompétence militaires n'aura d'égale que l'acharnement et l'aveuglement politique dans les vingt années qui ont précédées ; l'Allemagne qui croit cependant à la victoire rapide, comme la France forte de ses alliés surtout les Russes !

On compare souvent l'Europe à la Grèce antique. Très juste comparaison. On y voit des impérialismes, celui d'Athènes pour la Grèce antique, ceux de la France et de l'Allemagne pour l'Europe, préparer leur ruine. Des impérialismes stupides, corrompus, tueurs. C'est bien à tort que l'on glorifie Athènes ne retenant que la cité des arts et oubliant la ville dominatrice, pillarde, tueuse et que l'on fait de Sparte un épouvantail alors qu'elle représente la liberté face à Athènes la dominatrice, alors qu'elle est le respect de la loi qui est la condition première de la liberté dans une société évoluée (encore faut-il, il est vrai que la loi soit "bonne", celle de Sparte l'était "pour son époque".) Sparte au niveau de la Grèce a été moins impérialiste, plus clémente avec l'ennemi vaincu qu'Athènes dont la démocratie s'est résumée à la domination de 5000 citoyens sur 100000 esclaves, le plus souvent sur fond de corruption et de démagogie, de racket et de massacres sur et dans les autres cités. La France et l'Allemagne ont été deux nations stupides, cupides, poussées par leurs mesquines ambitions sur la voie des massacres et de la destruction sous le regard complice de l'opportuniste Angleterre qui ne vaut pas mieux et des asiates de l'Est, la Russie.

Le conflit va s'engager dans les plus mauvaises conditions politiques pour les Empires Centraux. La Russie a mobilisé tôt, l'Italie ne bouge pas alors que l'Angleterre se range rapidement du coté de la France suite à l'invasion de la Belgique. Le Japon n'attaquera pas la Russie, non seulement il n'y aura pas de soulèvement musulman contre la France et l'Angleterre, mais les tribus arabes sortiront, unifiées, de leur désert pour mettre en déroute les troupes de l'allié Turc dans tout le Moyen-Orient, les Indes ne se révolteront pas mais fourniront, comme toutes les colonies franco-anglaises, des gros contingents d'homme de troupe. Enfin, les Etats-Unis finiront par entrer en guerre aux cotés des franco-anglais, relayant la Russie dont les territoires occupés continueront d'immobiliser des troupe allemandes ce que nous devons à Trotski, ne supprimant pas pour autant le second front puisque les alliés l'ont (ré)ouvert dans les Balkans d'où partira l'effondrement final.

 

 

UNE QUESTION A L'ARMEE et AU POUVOIR : A-t-il existé, existe-t-il encore, en France, une structure occulte constituée d'hommes, civils, armés, chargés de liquider en cas de conflit, internes ou externes, les "gêneurs", les empêcheurs de tuer en rond ? Existe-t-il, a-t-il existé des listes de personnes à éliminer dans le même cas et des objectifs précis sont-ils, ont-ils été par le passé, fournis à ces commandos occultes ? QUI GERE CES BATAILLONS DE LA MORT ?

 

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