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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

 

QUI SUIS-JE ?

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Je suis né en 1942. Etudes secondaires jusqu'au brevet. Fils d'ouvrier et d'ouvrière, je ne me sens pas du tout à ma place dans un enseignement, qui bien que largement contrôlé par des castes de gauche reste très antisocial (et le sera de plus en plus jusqu'à devenir comme aujourd'hui, un enseignement à deux vitesses : riches / pauvres, inefficace) et quitte l'école à dix-sept ans.

Carrière modeste dans la Banque pendant quarante deux ans qui me conduira à exercer plusieurs métiers dans plusieurs pays et à beaucoup voyager et durant laquelle j'aurais l'occasion d'être victime du boycott des non diplômés par des cadres supérieurs (polytechniciens) puis le plaisir, relatif, de voir ces mêmes polytechniciens "pleurer" d'être eux-mêmes "coiffés" par la mafia énarchienne! (Tout cela serait amusant s'il n'y avait derrière de lamentables trafics d'influence qui font partie de l'aspect république bananière de notre pays manifestement exemple vivant des moeurs merdiques qu'il a semées en Afrique). *1

Dès l'âge de treize ans, ma vraie passion est la littérature. Dès la sortie du collège je me rêve écrivain. Je commence à écrire de courts textes, cahier du pilote, du guetteur, plus tard j'aurais plutôt écrit les cahiers de l'observateur, une amie me dit un jour du vampire, parce que je me suis souvent senti observateur, émerveillé, du bon comme du mauvais - cela n'avait d'ailleurs pas beaucoup de sens - regardant étonné autour de moi ce que chacun fait de sa vie, avec quelle folie il la mène, jusqu'à devenir moi-même le principal sujet d'observation à la source d'un étonnement encore parfois plus grand. Ma grande indulgence vient, je crois, de cette possibilité constante de me sentir un tiers observé, agissant sous mon propre regard, un tiers qui m'étonne, qui me devient souvent totalement étranger. Quand j'observe la folie d'un autre après cela, j'ai pour lui l'indulgence que je n'ai pu manquer d'avoir pour celui que je connaissais si bien et qui pouvait autant devenir source d'étonnement.

Je serai écrivain, cela est certain. Je le fus mais pas de la façon que j'avais envisagée. J'écrivis, je vécus pour écrire, je mis entre parenthèses ma vie de gagne pain, mais je n'essayai pas de publier, je ne finissais même pas mes "œuvres", allant certes jusqu'à la dernière ligne, mais ne les revisitant pas comme toute œuvre l'exige, ne les retravaillant pas, n'en faisant pas des textes publiables.

Un temps trotskiste de conviction, je n'adhérerais jamais à l'un de ces groupuscules ridiculement cantonnés dans des luttes sectaires. A vingt deux ans, je finis par comprendre le rôle criminel joué par Trotski et je m'éloignerais intellectuellement de plus en plus du monde politique tout en rageant de voir la vie publique monopolisée par des canailles. L'arrivée de l'une d'entre elles à la tête de la gauche au congrès d'Epinay, me rejettera dans l'abstentionnisme le plus complet (radiation des listes électorales). Je reviendrai au vote en raison de la montée du racisme et du dégoût profond que m'inspire une droite qui oscille entre un populisme électoral et un néo pétainisme qui triomphe aujourd'hui dans la plus grande médiocrité. Parallèlement, le règne de Jospin qui au début m'avait semblé intéressant, et la mauvaise conduite des socialistes pendant et après les campagnes électorales de 2002 me rejettent de nouveau dans l'abstention - définitive cette fois. La pourriture de ce monde politique, le trucage électoral systématique, la monopolisation mafieuse de la vie politique, tout cela me conduit à nier la représentativité d'un gouvernement et d'un parlement totalement dépourvus de légitimité.

Au plan international, je condamne l'attitude dominatrice des Etats-Unis. Traumatisé par les massacres de la seconde guerre mondiale comme par l'auto génocide de la première,  je suis désespéré de voir Israël perdre son âme dans la lutte pour la survie alors même que les courants d'idées qui sont responsables des grands massacres et qui n'ont pas payé le prix de leur saloperie ont partout redressé la tête et tiennent le haut du pavé. Heureux de vivre dans une société multiraciale et de reconnaître dans mes voisines africaines d'aujourd'hui, les mêmes travers de celles, françaises "d'origine", de mes parents il y a cinquante ans, je ne supporte pas la montée des racismes et l'antisémitisme qui l'accompagne et permet à la lie du genre humain de se retrouver autour de crapules nauséeuses telles que les Le Pen et consorts qui fleurissent dans le monde entier!

Pro européen, je ne reconnais pas l'Europe actuelle du fric et de l'impuissance politique, asservie aux intérêts privés pour et par lesquels elle a été édifiée.

Je condamne cette version financière du fascisme, le libéralisme sauvage actuel, destructeur des équilibres sociaux et la mondialisation imbécile qui n'est que l'extension progressive à la planète de la sphère de pillage américaine (dont les Européens ne sont que de lâches et couards suiveurs).

Ma vie privée a été et demeure non conventionnelle. J'ai réussi à mener de front une carrière professionnelle qui secrète des personnalités conformistes et la fréquentation de milieux marginaux sans jamais cependant céder aux sirènes de toutes sortes qui y fleurissent. Contrairement à Jospin-Tartuffe, je n'ai jamais "fumé" quoi que ce soit. Marié trois fois, trois enfants dont deux en bas âge. Les femmes de mon âge m'emmerdent au moins autant que les hommes !

Littérairement j'ai donc dans mes tiroirs une "œuvre" non publiée que je me propose parfois de retravailler maintenant que je dispose de mon temps, je n'y mets aucun enthousiasme, un certain dégoût du public actuel me retenant d'essayer de publier. Mes goûts vont de Dostoïevski à Gide en passant par Stendhal, Léautaud, Nietzsche qui conforte ma profonde aversion pour une philosophie qui ne s'est jamais remise de la lourdeur professorale teutonne, Drieu la Rochelle, Eluard, France et bien, d'autres...

Elevé entre une mère catholique et un père communiste, je bouffe volontairement du curé, ne pardonnant pas à ces corbeaux leur morale sexuelle imbécile et hypocrite. D'une façon générale, je considère les religions et en particulier le monothéisme qui en est une forme régressive, comme les pires fléaux qu'ait eu à subir l'humanité et classe certaines idéologies laïques telles le communisme au rang de ces religions - religions sans dieu, mais religions quand même - en raison de leur comportement totalitaire, de leur messianisme et de leur intolérance.

Comme René Boylesve et d'autres, je considère que la vie est une comédie, l'homme une sorte d'extraordinaire sac à malices, à surprises, parfois nauséeuses - surtout chez les pseudo puissants qui semblent ne mesurer leur puissance qu'à leur degré de nuisance, - la plupart du temps assez banal. Je crois que toutes les passions, surtout celle tout aussi ridicule que les autres de la rationalité, sont des illusions que l'individu entretient pour se rassurer, pour tenter de s'approprier un monde qu'il n'a pourtant qu'à accepter tel qu'il peut l'appréhender. Quant à l'histoire, elle est à l'image de l'homme et des ensembles qu'il parvient à constituer, une sorte de longue succession d'hypocrisie et de malentendus dont la cupidité, l'envie et la haine - qui ne sont que l'expression ordinaire de la bêtise - sont les principaux moteurs.

Libertin (au sens des mœurs) de trente à cinquante-cinq ans, en partie peut-être par réaction à une éducation trop puritaine qui m'a plus marqué par les exemples que j'avais sous les yeux que par des contraintes externes, j'ai conservé de cette période trop de bons souvenirs pour la renier même si je passe par une phase de grande sagesse qui m'évite peut-être ce dégoût tardif que suscitent souvent les excès du libertinage. De ma fréquentation des milieux marginaux j'ai conservé un grand respect de la vie quand elle ne s'étiole pas dans les voix ordinaires de la médiocrité ambiante, cela, joint à mon profond irrespect de l'autorité qui est la plupart du temps, entouré de lois, de règlements, de menaces, de contraintes et de répression, sans parler des hochets, médailles et carottes diverses et l'expression de la réussite satisfaite des médiocres, me fait une sorte d'anarchisme d'instinct.

Je suis persuadé que le plaisir sous toutes ses formes est la seule chose dont nous pouvons être certains même s'il est parfois difficile - souvent du fait de notre manque d'intelligence des autres et de nous mêmes -, n'y aurait-il que cela, la vie mérite bien d'être vécue et notre seule obligation me semble être le respect de l'autre - respect physique d'abord, sentimental ensuite, que je n'étends certes pas au domaine des idées et des croyances pour lesquels je pense que sont autorisés toutes les attaques, toutes les critiques, quand elles se limitent aux mots et que l'on est certain de ne pas prendre le risque d'activer le pire car en ce domaine comme en d'autres il faut savoir qu'on est lu mais pas compris. Il paraît que Marcuse vieux se désolait de ce que ses pseudo disciples faisaient de ses idées, vrai ou faux, cela me semble exemplaire.

 

6 novembre 2002 - Mise à jour 30 janvier 2005.

 

*1 Je n'ai évidemment pas l'intention de raconter ma carrière dans la banque. Cependant, entendant il y a quelques temps un jeune homme dire que les stages précoces dans les sociétés lui permettaient de commencer à constituer des carnets d'adresses, je pensais à ces quarante deux ans passés sans constituer ce fameux carnet. Tous autour de moi en avaient, c'était tellement dans les moeurs qu'il n'y avait pas de gestion individuelle des carrières ou du personnel dans cette grande société de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Les uns les autres faisaient eux-mêmes leur gestion de carrière en décrochant plus ou moins souvent leur téléphone pour entretenir les "contacts". Chez certains, fébriles de l'avancement, c'était une occupation quotidienne, coup de téléphone à Paris en diverses directions mais aussi à Hong-Kong, à Singapour ou à New-York. Véritables mendiants, quémandeurs, ils colportaient les bruits, en sollicitaient d'autres en retour, se plaçaient pour le cas où ... Il y avait des filières, écoles, directions particulières de l'entreprise qui se muaient en mafias, ces gens se renseignaient, se couvraient, se fabriquaient des opportunités, descendaient les rivaux... On n'a qu'une faible idée des incompétences qui se coulent dans un tel système et y prospèrent. La carence de gestion de ce qu'il est convenu d'appeler "les ressources humaines" est une des tares des grandes entreprises, un contentieux énorme pour chacune si l'on songe à ce que cette mauvaise gestion, ce laisser aller aux pires intrigues, coûtent. Les grandes entreprise sont faites pour des valets qui ont des âmes de cerfs.

* * *

Vivant dans la solitude, au milieu des livres, mais des livres que je choisis, je suis et reste étranger non au monde d'aujourd'hui qui me saute au visage chaque jour dans son horreur habituelle, mais au débat intellectuel. Je ne le rejette ni l'accepte parce que je suis profondément convaincu que cela ne servirait à rien. Quelque chose en moi le rejette, le condamne, condamne l'homme et se réjouit de prévoir sa fin prochaine tandis qu'une autre chose croit qu'il se tirera longtemps encore des situations les pires qu'il aura créées et que le lent cheminement du progrès technologique finira par l'emporter et lui donner une puissance totale. Pour faire quoi ? Là, je tombe dans le rêve, je n'imagine pas d'avenir précis, la réussite de l'homme est une sorte de finalité, un substrat de ce Dieu que je rejette ou ignore parce que le problème de Dieu est un faux problème, inutile et mauvais. Le devenir incertain de l'homme, démiurge inversé créé par son monde qui lui donne la possibilité d'exister.

D'un coté la fin de l'homme, envisagée comme une certitude vengeresse, de l'autre le flou de l'homme divin, création logique de la première, mais rêve improbable, destiné seulement à satisfaire cette part d'enfance qui ne meurt jamais en nous et les quelques miettes d'espoir qu'il faut quand même conserver pour continuer à vivre.

 

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