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ET LA CHANSON ...

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YVES JAMAIT

 

On le sait, les marchands de disques pleurent et se plaignent du piratage, il faut bien trouver un bouc émissaire à la baisse constante des ventes ! La vérité est bien plus simple et point n'est besoin d'aller chercher si loin ! S'ils vendent de moins en moins, c'est qu'ils produisent de plus en plus de saloperies et que les gamines et gamins de douze ans, ne constituent pas un marché inépuisable pour autant de conneries !

Il faut bien l'avouer tout le monde des médias est à la hauteur de cette médiocratie envahissante. Mannequins en mal de photographe, pétasse de télé réalité, rapeur décérébré ( c'est un pléonasme ), on n'en finirait pas de lister ces ringards que de vieux présentateurs " consensuels ", c'est le mot qu'on emploie pour sans personnalité, nous imposent sur des plateaux de télévision devant un public d'imbéciles chargés de faire la claque et obéissant sinon au doigt, à la pancarte ou au prompteur de masses inerto débiles.

S'il est un domaine où l'on est certain qu'il reste des talents, des vrais, c'est bien celui-là : la chanson, mais là encore, les vraies valeurs nous sont cachées comme si l'on craignait qu'entendre une fois un chanteur intelligent ne nous fasse comprendre quel est le niveau intellectuel réel d'un Sarko par exemple qui s'agite tellement pour nous le cacher ! N'oublions pas que l'on éprouve régulièrement le besoin de nous corner aux oreilles que Jupé est un génie, s'il l'était point ne serait besoin de le dire ! Même la présentation quotidienne des crétins de la chanson ne permet plus de nous faire prendre de simples idiots pour des gens intelligents !

Je veux donc ici parler de deux albums magnifiquement réalisés concernant deux chanteurs dont on vend encore des milliers de disques bien qu'ils soient morts depuis assez longtemps.

Ces deux albums nous sont offert, c'est une façon de parler, par Universal et concernent Brel et Brassens, deux valeurs sûres comme on le voit !

Plusieurs heures de plaisir télévisuel à retrouver ces deux chanteurs qui firent les délices de nos jeunesses !

Pour chacun trois DVD, reprenant en images des heures de spectacle et quelques autres moments

 

Le plaisir de retrouver ce poète gentiment mais fermement anarchiste, Brassens, et ses tranquilles ritournelles dont de nombreuses lui attirèrent les foudres des instances censurières de la quatrième puis de la cinquième de ce pauvre vieux De Gaulle que le talent ne concernait vraisemblablement pas, est grand et s'ajoute à celui de retrouver sa timidité, sa modestie de poète frappé par le succès. Il y a peu, un imbécile disait sur les antennes, parlant de lui, que sa musique était plutôt " passée " et qu'elle avait besoin d'être revisitée. On se doute de quelle visitation le crétin était capable, assaisonnement à la sauce techno ou une autre salade du genre. Gageons que dans cinquante ans, on écoutera encore les chansons de Brassens et sa guitare et qu'on aura oublié le crétin dont je n'ai même jamais écouté le nom !

 

Avec Brel c'est l'acteur que l'on découvre ou retrouve en plus du chanteur, il est ( était ) de ces rares chanteurs qui prennent une autre dimension sur scène, qui donnent un sens au mot " interprète ". Je l'aimais sur disques et j'eus, la seule fois où il me fut donner de l'entendre en salle, à l'Olympia, l'année de la création de Amsterdam, une véritable révélation en découvrant, par exemple, que les Bigotes étaient une chanson de haine et pas seulement une charge satyrique. En ce qui concerne Amsterdam, c'est Serge Lama qui a dit récemment et j'en suis fort aise commençant faute de l'entendre raconter par d'autres, à douter de ma mémoire, quel fut l'accueil étonnant du public découvrant cette chanson. Amsterdam est une chanson construite en spirale, en vrille, elle s'accélère, se reprend, toujours plus fort, se hissant d'un cran à chaque strophe jusqu'à une sorte de délire final. Brel, en la chantant avait des gestes des mains, des expressions de tout le corps, qui ponctuaient ce mouvement ascendant. Cette force, ce mouvement, était neufs sur scène et quand il se tut à la fin de la chanson, il y eut un long silence de dix, quinze, secondes, avant qu'un tonnerre d'applaudissement ne fuse d'un public stupéfait ! Je ne suis pas un habitué des grandes salles mais je suis bien sûr que cet instant qui s'est répété chaque soir tant que la chanson n'a pas été connue par le disque, est un moment privilégié, Lama dit " unique " et que seul " le plus grand " pouvait l'obtenir, le provoquer. J'en suis bien persuadé. J'espère que vous retrouverez quelque chose de cette émotion en regardant et écoutant l'interprétation de cette chanson qui vous est restituée dans l'album.

 

Sous la même présentation, Universal, nous offre un album de deux DVD Barbara ( et maintenant un Gainsbourg ) qui complète notre plaisir. Il ne reste qu'à souhaiter que quelques autres viennent compléter cette magnifique collection, un Ferré par exemple ou un Glenmort ou un Anne Sylvestre et pourquoi pas un Ferrat ou un dont je vais parler ci-dessous qui heureusement pour nous et pour lui, n'est mort que pour la télémerdivision des Drucker et consorts ( au sourire de publicistes de marque de dentifrice ) à laquelle on ne le voit jamais - à croire que nous ne payons la redevance que pour entendre sur le service public de Hardi Cons demander aux académiciens séniles si " sucer c'est tromper " ou des Sarkosi faire leur propagande chez des Drucker, tout cela n'ayant qu'une caractéristique : l'absence de talent et la médiocrité !

 

Ce dernier chanteur, je le découvris, si ma mémoire ne me trompe pas, j'espère qu'il lira ces lignes et pourra confirmer, en première d'un passage de Gréco à l'Olympia. C'est une amie qui m'avait traîné là car je n'ai jamais aimé Gréco et ses manières de péripatéticienne (excusez Madâaaâme) des beaux quartiers. Un chanteur que je ne connaissais pas entra sur scène, je ne sais plus qu'elle chanson il interpréta, peut-être " Dans les wagons de première classe ...". Nous nous retrouvâmes quelques dizaines seulement à applaudir dans cette immense salle, quelques dizaines d'isolés que l'on n'entendait presque pas. J'en fus doublement stupéfait. La chanson, celle-là ou une autre, était belle, le public était celui de Gréco et quand même ... venu voir sa chanteuse se peloter sur scène il pouvait bien avaler ce jeune chanteur qui parlait " moeurs " de façon assez directe mais avec talent autant qu'avec violence. Ce que je n'ai pas oublié, c'est sa réaction. Il est venu se planter, jambes écartées encadrant le pied du micro et a chanté ses autres chansons, quatre, cinq, à la suite, enchaînant sans laisser de place pour une réaction du public et il partit sans saluer. Je fus stupéfait et admiratif et je me dis alors : " Il a des couilles !" Je devais rapidement trouver en boutique son premier trente trois tours avec une petite phrase de Brel sur la couverture. J'ai été un de ses fidèles me procurant tous ses disques, puis les rééditions en cédéroms, regrettant toujours que la télévision et les radios l'ignorassent, il s'agit de l'auteur du Grand méchant loup, d'un Mur, d'une Pipe à pépé que mon premier fils, qui a aujourd'hui trente ans, reprenait en choeur avec lui quand j'écoutais le disque, il avait alors six ou sept ans, de Toutes les femmes sont belles, de A la mort de Juju et de bien d'autres chansons, il s'agit de Monsieur Henri Tachan.

 

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YVES JAMAIT

4 décembre 2004 m à j 29-11-2005