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LES ŒUVRES : Leurs oeuvres

 

 JOSE CABANIS

 

Toulouse 1922, 2000

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BIBLIOGRAPHIE DE JOSE CABANIS

- L'organisation de l'état d'après la République de Platon et la Politique d'Aristote. Toulouse, 1948. ( Thèse, dactylographiée )

- Jouhandeau ( Bibliothèque idéale ) 1959

- Le bonheur du jour 1960

- Les cartes du temps 1962

- Les jeux de la nuit 1964

- Les écrivains célèbres ( Tome IV étude sur Jouhandeau. En collaboration, Mazenod ) 1965

- Proust, étude sur Bergotte (Collection génies et réalités. En collaboration, Hachette ) 1965

- L'âge Ingrat : 1966 qui reprend

    - L'âge Ingrat 1952

    - Gilbert (Partie de l'Age Ingrat, 1952)

    - L'auberge fameuse 1953

    - Juliette Bonviolle 1954

    - Le Fils 1956

    - Les mariages de raison 1958

- Retour à Balzac ( Espic 1966)

- La bataille de Toulouse 1966 

- Plaisir et lectures I et II 1964 - 1968

- Une vie (Rimbaud) Hachette 1968

- Des jardins en Espagne 1969

- Les voies de l'écriture. Interview par Hubert Nyssen ( Mercure de france ) 1969

- Le sacre de Napoléon ( Dans la collection Les trente journées qui ont fait la France ) 1970

- Charles X, roi ultra ( Leurs figures ) 1972

- Préface aux œuvres de Julien Green dans la collection Pléiade, Tome I 1972

- Saint-Simon l'admirable 1975

- Michelet, le prêtre et la femme 1978

- Les profondes années - Journal 1939 -1945  1976

- Petit entracte à la guerre - Journal 1940 - 1943 1980

- Lacordaire et quelques autres 1982

- Le musée espagnol de Louis-Philippe - Goya 1985

- Saint-Simon ambassadeur ( Hors commerce ) 1987

- Pour Sainte-Beuve ( Les essais ) 1987

- L'escaladieu - Journal 1947 - 1953 1987                   

- Le crime de Torcy  suivi de Fausses nouvelles 1990                                                                           

- Mauriac, le roman et Dieu 1991

- Discours de réception à l'Académie Française 1992                                                                                               

- Pages choisies et commentées du Temps Immobile de Claude Mauriac 1993

- Dieu et la N.R.F. 1909 - 1949 1994

- Entretien avec Bruno de Cessole 1995

- Le Diable à la N.R.F. 1911 - 1951 1996

- Autour de Dieu et le Diable à la N.R.F. 1996 ( Sables )                                                                                                                                                                                                                                                                    Le discours de réception

- Discours de réception de Rosemberg 1997                                                                                                                                                                                                                                                                                             Imprimerie Nationale

- Chateaubriand qui êtes-vous ? 1998

- Magnificat - Témoignages  ( Sables ) 1999

- Lettres de la forêt noire 1943 - 1998 2000

- Le jour, la nuit  ( Sables ) 2001

- Carnets 1954 - 1972 (Sables) 2007

Sauf indication contraire, l'éditeur des œuvres de José Cabanis est Gallimard.

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Et ... la Pléiade ?

José Cabanis dans la Pléiade ? Il m'arrive de ne pas toujours être gentil avec cette prestigieuse maison, Gallimard, mais je dois reconnaître qu'il est réconfortant de savoir qu'elle a toujours été "là" pour un auteur tel que José Cabanis, acceptant d'éditer tout ce qu'il proposait quels que soient les tirages prévisibles. Il y a presque dix ans que Nathalie Sarraute a été éditée dans cette collection qui est le fleuron de l'édition française. Ne serait-ce pas justice d'y introduire l'autre "volet" de la littérature de la seconde partie du vingtième siècle et quel auteur pourrait mieux que José Cabanis la représenter ? J'imagine un ou deux volumes, l'un pour les œuvres de fiction et les journaux l'autre pour les œuvres de critique et un choix dans l'œuvre historique avec Charles X, roi ultra. Une telle reconnaissance de la part de son éditeur qui ne serait que confirmation, favoriserait certainement la (re)découverte par le grand public d'une œuvre qu'il serait dommage d'oublier ! L'édition de l'œuvre critique de José Cabanis dans une collection telle que la pléiade serait d'ailleurs presque une opération de promotion tant il est vrai que Cabanis est en ce domaine un " passeur " et que beaucoup des écrivains concernés sont des écrivains " Gallimard ".

 

L'histoire :

José Cabanis a écrit au moins trois livres qui peuvent entrer dans cette rubrique : Saint-Simon ambassadeur, le Sacre de napoléon ( Trente journées qui ont fait la France ) et Charles X, roi ultra, au moins deux autres sont charnière entre l'essai littéraire et l'étude historique : Lacordaire et Michelet.

Saint-Simon ambassadeur : Ce livre, hors commerce, est un bel album relié et joliment illustré, réalisé par Gallimard pour les souscripteurs de l'édition des Mémoires de Saint-Simon dans la Pléiade. Il était bien normal que la rédaction en revint à José Cabanis, grand lecteur et connaisseur du Duc. Même dans ce texte relativement bien ciblé, José Cabanis se fait entendre : " Saint-Simon, Chateaubriand, Michelet, les érudits seront toujours fondés à les publier assortis de force notes, relevant ligne à ligne les libertés qu'ils ont prises avec l'Histoire, au gré de leur imagination et de leur humeur. Tâche méritoire et utile, mais c'est le malheur de l'érudition de contrôler, de commenter, de rectifier, l'exactitude d'un texte qui ne nous concerne et n'est parvenu jusqu'à nous, que parce que le génie avait ajouté à la réalité. La critique qui se croit scientifique s'attaque ainsi trop souvent à un beau texte, et le tue net." ou " Il est vrai que les scènes qu'il a vues, il les rend à merveille. Le grand écrivain se reconnaît à ce qu'elles sont aussi chez lui merveilleuses, celles qu'il n'a vues qu'en rêve : ..." A retenir également la conclusion : " Il en est qui trouve Dieu dans la beauté du monde, ou dans la misère des hommes, ou ... Tous les chemins mènent à Dieu, ceux qui s'y laissent conduire, tous les chemins en détournent les autres. ..."

Charles X, roi ultra : Quelque part, José Cabanis dit de ce gros ouvrage qu'il est un peu ce roman qu'il voulait écrire au début de la Bataille de Toulouse. On recommande aux lecteurs d'aborder la " série historique " par ce livre, c'est presque ce que je fais. Certainement que Michelet, Lacordaire et Pour Sainte-Beuve en sont un peu des scories d'études. José Cabanis a vécu la guerre, jeune, il n'était pas pétainiste cela va sans dire, dès la vingt troisième page il nous dit, parlant des aristocrates qui accueillaient avec enthousiasme les armées alliées dans Paris vaincu à la chute de l'Empire : " Le jour de gloire était vraiment arrivé, tandis que les cadavres de quelques milliers de Français morts pour défendre Paris, étaient encore couchés au grand air, du coté de Belleville et de Pantin : les hautes classes donnaient leur mesure. " Ce roman, c'est d'abord le roman de l'intrigue basse, de l'ambition mesquine, de l'arrivisme que le postulant soit le Comte d'Artois ou Chateaubriand, Fouché ou Soult, des gens tout en volte-face, en trahisons, en intrigues. On se dit que les vainqueurs étaient bien embarrassés de leur victoire, n'étaient pas à la hauteur du brigand qu'ils abattaient pour se satisfaire de la basse canaille qu'ils ramenaient dans leurs wagons ou des traîtres qu'ils trouvaient sur place. Il en est peut-être ainsi de toutes les victoires, cinquante ans après la dernière sur le plus horrible de tous les régimes, les cardinaux choisissent bien comme Pape le seul d'entre eux, on l'espère, qui, jeune, a crié : " heil Hitler " en tendant le bras. On l'obligeait me dit-on, certains ont refusé, ils sont morts pour la plupart, oui mais on n'était pas obligé de faire d'un de ceux qui ont choisi de survivre à ce prix un pape ! Infaillible de surcroît ! Revenons à Charles X, beaucoup de figures passent dans ce livre instructif, pas seulement d'une époque. Les aristocrates, étaient tombés parce qu'ils n'étaient plus qu'une classe nuisible, corrompue, dégénérée, vingt cinq ans plus tard, après toutes les trahisons, ils revenaient dans les fourgons des armées ennemies, ne connaissant rien du pays, ne connaissant pas grand chose en vérité, sans plus d'intelligence et de vertus qu'ils n'en avaient quand ils avaient sauvé leurs pauvres têtes branlantes. Vite on comprend comment ils ont compromis leurs chances de se survivre, le drame qu'ils nouent là empoisonnera encore, périodiquement le pays durant ce siècle avant que la poubelle de l'histoire ne les avale définitivement, eux et leur dynastie. Vu par le quotidien nul prestige ne résiste, que ce soit Chateaubriand ou un autre, la mesquinerie, le mensonge, les plus basses ambitions, voilà un portrait effrayant de ce qui fut une classe dirigeante, les autres sont-elles très différentes ? On n'aurait rien compris cependant à José Cabanis si l'on en restait là. Il nous montre également des hommes " honnêtes " quel que soit leur parti, des hommes dont on comprend les raisons, qui nous font éprouver une certaine mélancolie des bonnes volontés perdues quand l'histoire passe. Charles X, roi ultra serait un échec si par lui on ne comprenait pas mieux le réel de cette période qui a été le vrai triomphe de la révolution bourgeoise parce qu'elle s'y est révélée capable de survivre à la défaite des armes et du régime qui l'avait consolidée. José Cabanis nous le montre d'une façon dont beaucoup d'historiens devraient s'inspirer et l'on en sort réconcilié. Ce livre d'histoire est un livre majeur de José Cabanis, un livre qui nous livre la réalité d'une époque pour laquelle " il était le rapporteur idéal ". Au risque de me répéter je reviens sur cette sensation qu'on a en lisant ce livre de lire un roman, comme Truman Capote avec Sang-Froid, écrit à partir d'un fait divers, José Cabanis tisse son roman dans le réel, mais là c'est d'une époque qu'il s'agit, et nous confirme que la réalité est infiniment plus riche que n'importe quelle fiction.

Le Sacre de Napoléon : Comme dans Charles X, roi ultra, José Cabanis nous donne des séries de portraits vifs et qui tentent de retrouver la réalité des personnages. Ceux-ci et d'abord le principal, l'Empereur, nous sont restitués dans leur rôle social et historique avec les limitations et les conditionnements que cela suppose. Si José Cabanis ne fait pas état d'à priori négatifs, il n'oublie jamais les caractéristiques profondes du régime napoléonien et c'est le triple mérite de cet ouvrage : situer les personnages en tant qu'individus autant qu'en tant que rouages, et porter un regard que le recul autorise sur les actes, leurs motivations et leurs effets. Avec Charles X, on peut considérer que ce livre représente une somme intéressante sur la liquidation et la consolidation de la Révolution. Consolidation de la bourgeoisie, liquidation des aspirations populaires. Je pense que l'on gagne à lire cette première partie après la seconde qu'elle éclaire remarquablement. Si José Cabanis nous présente l'histoire comme un roman, c'est uniquement dans la forme, le contenu quant à lui est fait de témoignages et d'aperçus très "réalistes".

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Qui êtes-vous, Monsieur Cabanis ?

Quel lecteur attentif, amical, n'a pas posé cette question à l'auteur sur lequel il se penche, n'est pas revenu sur ses lectures pour tenter d'y répondre et n'a pas eu de ces mouvements de découragement qui marquent la reconnaissance de notre incapacité à retrouver tout l'homme alors même que nous avons la sensation de l'approcher et de le saisir si souvent ? Il y a plusieurs José Cabanis, aucun ne me permettra, j'en suis persuadé, de cerner vraiment qui fut l'homme qui a signé une œuvre finalement assez abondante pour quelqu'un qui n'a pas consacré toute sa vie à la littérature. Le premier José Cabanis que j'ai connu est à la fois l'auteur et les héros de l'Age Ingrat. Il s'agit de son aveu même d'un autre, quelqu'un qu'il ne reconnaissait plus, d'assez naïf quand, incroyant, il revenait pleurer chez sa maman au premier bobo, le bobo pouvant être un chagrin d'amour. Il se reprochait d'avoir masqué la réalité, cette naïveté, dans les personnages tels que Gilbert, ce personnage masqué dans lequel j'ai cru reconnaître dès la première lecture l'auteur - phénomène courant surtout chez le jeune lecteur que j'étais quand j'ai eu pour la première fois entre les mains l'Age Ingrat. Du cynisme, une vision finalement assez noire des choses, mais aussi, déjà perceptible, une bonté qui, je le présume, devait être une des marques de José Cabanis, bonté qu'il retrouvera et reconnaîtra chez un vrai mécréant, Roger Martin du Gard dont il parlera très bien. Dès ce premier ensemble romanesque on perçoit l'homme qui a fait, en Allemagne, l'expérience de l'usine sans autre perspective et qui ne l'oubliera pas. Ce José Cabanis est athée, il ne le restera pas mais rien ici, ne permet de le prévoir. Même si j'apprécie la suite de l'œuvre romanesque de José Cabanis, je dois dire que j'ai la nostalgie de l'Age Ingrat que je considère comme une grande réussite. Cet ensemble réalise une synthèse remarquable entre le roman réaliste, social, et le roman intimiste.

Un autre José Cabanis, qu'il sera toute sa vie est le lecteur. Pas un lecteur ordinaire, un de ces lecteurs qui vit de la vie de ceux qu'il lit, qui les fait revivre, qui peut au sortir de leurs œuvres, parler d'eux comme s'il avait vécu dans leur intimité. Je dois l'avouer, j'ai un faible pour ce José Cabanis. C'est un extraordinaire compagnon, intelligent, bon, indulgent, mais relevant les choses pertinentes, qui éclairent, qui font vivre.

Le José Cabanis des journaux est celui qui me séduit le moins. D'abord, il n'occupe pas une grande place dans l'œuvre. Ensuite, il semble n'être là que pour jeter quelques indications, utiles, au lecteur. Pour lui permettre de corriger certaines choses. Etait-ce utile ? Oui, mais l'œuvre romanesque se suffit à elle même et même si elle ne dit pas strictement " la vérité " et peut par là gêner l'auteur, elle porte sa propre vérité. Qu'importe si Gilbert et les autres personnages centraux de l'Age ingrat ne sont pas l'auteur, ils sont et ils sont certainement très représentatifs de ces grands frères, presque des pères, qu'étaient pour moi les hommes de cette génération. J'ignore s'il existe encore des journaux dont la publication pourrait donner un autre visage ou révéler un autre José Cabanis, mais on ne peut pas parler des journaux sans parler de la seconde suite romanesque.

J'ai le sentiment que le José Cabanis des journaux, ceux qui sont publiés à ce jour, est coincé entre deux autres personnages de son œuvre. L'auteur - héros de l'Age Ingrat en qui il dit ne plus se reconnaître et celui de la tentative originale qui ne sera pas comprise par la critique, à son grand désappointement, qui est l'auteur du second cycle. Ce second cycle, pour le comprendre, il faut le reprendre pour ce qu'il est, un ensemble, et non considérer que l'auteur se livrait à l'écriture en dilettante qui livre de temps en temps un petit roman mal structuré, au fil de la plume. J'ai appelé ce second cycle biographique parce que l'intention de l'auteur était me semble t-il de nous faire approcher de plus en plus d'un réel qui le concerne au travers d'une fiction apparente dans laquelle il tourne autour de lui y compris quand il nous parle de l'Oncle Octave dont il ne partage pas évidemment le lourd secret. Comment resterait-il une place pour le diariste quand la forme romanesque pénètre autant dans l'intimité de l'auteur, autant et avec tant de précautions ? Il faudrait rééditer ces cinq romans en un seul volume comme cela a été fait pour ceux de  l'Age Ingrat. Le regroupement est même plus nécessaire à l'équilibre de l'œuvre que pour les cinq romans du premier cycle qui vivent très bien isolés.

Le croyant est le José Cabanis qui est le moins proche de moi. Jamais cependant sa croyance ne me rebute. Elle est évangélique, non dans le sens d'évangélisation, Cabanis n'est pas un missionnaire, il a pu lui arriver de se le reprocher, mais dans le sens charitable. Même quand il rapporte des comportements à Dieu, il ne juge pas. Evoque-t-il le groupe - les deux groupes - de la NRF, les convertis autour de Claudel et les mécréants autour de Gide - Martin du Gard, jamais il ne donne l'impression de choisir ou, quand il le fait, il le fait en faveur des mécréants. Je sais que de ce José Cabanis je retire, j'efface inconsciemment tout ce qui le distancie de moi. Mais si je peux faire cela, c'est que sa croyance, évidemment sincère, ne le sépare pas du reste des hommes. Naturel me direz-vous, non, très rare ! José Cabanis n'est pas un écrivain chrétien, c'est un chrétien écrivain, de même il n'est pas ce que d'aucuns appellent un écrivain bourgeois, ne leur en déplaise, il est un écrivain issu d'un milieu bourgeois qui a su regarder et voir au-delà de ce milieu comme il est un écrivain cultivé qui ne fait pas une littérature d'homme cultivé, la plus ennuyeuse qui soit.

Il y a d'autres José Cabanis. Le juriste, le mari et père de famille, l'ami proche certainement de quelques uns, l'historien et l'homme, le vrai, est la somme de tous et encore un peu plus, que jamais nous ne pourrons cerner tout à fait. Mais du cycle romanesque que j'appelle " biographique ", le second, je garde l'image d'un homme fortement lié à un espace, son domaine familial et quelques extensions, Biarritz, et marqué par une fidélité aux siens et une certaine culpabilité des conséquences qu'ont pu avoir sur quelques proches son comportement quand il s'en est, jeune, éloigné.

L'écrivain, car c'est lui que je veux évoquer d'abord, occupe une place assez unique dans notre littérature, une place originale mais dans le prolongement de la littérature de la première partie du vingtième siècle, un âge d'or, il n'en est que plus précieux à mes yeux.        Haut de page

 CARNETS 1954 - 1972 : José Cabanis tenait des carnets de notes. Notes de lectures, notes d'auteur et notes diverses en petit nombre, notes assorties d'un numéro selon les carnets ou l'année. Toutes ou presque sont brèves et sont d'une concision habituelle à l'auteur. Les notes d'auteur éclairent pour ceux qui en sont assez familiers certains aspects des romans et de leur composition ou sont des projets. Je crois que les notes les plus intéressantes sont cependant les notes de lecture. Du même ton que celles qu'il a publiées dans le deux volumes de Plaisir et lecture, plus libres - il n'hésite pas à écrire "quel con" - elles sont d'un grand lecteur, cultivé et attentif et tournent autour des écrivains que José Cabanis a étudiés et sur lesquels il a publié. Saint-Simon, Sainte-Beuve, Chateaubriand, Baudelaire, Constant, Jouhandeau et quelques autres. On a supprimé les notes trop personnelles et les simples citations, dommage en ce qui concerne les secondes, il est parfois intéressant de voir ce que relève un lecteur, sans note il est vrai qu'on peut se méprendre sur les raisons de son intérêt. J'ai établi au fil de la lecture un index approximatif, plus de cent-cinquante citations pour Saint Simon. Quelques citations : " La meilleure critique ne serait-elle pas dans les rapprochements, les comparaisons, qui éclairent soudain d'un jour nouveau ? N'en serait-il pas de même de toute  critique ? Penser à Malraux et aux Voix du silence" p86 - 8, Au sujet de Port-Royal : " L'absurdité de la théologie mise à nu par ces querelles sur la grâce suffisante, l'efficace, l'opérante, la coopérante, la prévenante, la subséquente, l'excitante, l'adjuvante ( cité dans Port-Royal livre II p 127 Pléiade). Voltaire en riait, et on ne peut lui en vouloir. " p 87/88 - 15. Il m'arrive de suivre le conseil de lecture que José Cabanis se donnait, (p 90 - 28) c'est ainsi que j'ai relu le chapitre sur le jansénisme du Siècle de Louis XIV de Voltaire, emporté par le plaisir de lire, par cette sorte d'intérêt semblable à une intrigue de roman policier qui vous prend à une telle lecture, j'ai continué sur le quiétisme. Quelle langue, quelle limpidité, quelle souplesse et quelle richesse quand on sent derrière le récit des événements et des querelles, la philosophie de l'auteur source de ses jugements et du regard porté, mieux encore qu'Anatole France. De Guillemin, José Cabanis note : " Détrousseur de cadavres, mais avec cette particularité de ne s'intéresser qu'à ce qui pue. " p 111 - 32) José Cabanis rapporte souvent de belles choses comme ce : "Je vieillis, comme j'ai vécu : au spectacle, et quel spectacle !" Marquis de Custine. " p 122 - 16. Ou, " Propos prêté à Mérimée par Ferdinand Bac (Mérimée inconnu) et qui a trait à la justice ; cette omnipotence bavarde et solennelle qui ne laisse aucune trace dans le trésor des peuples " et José Cabanis, homme de justice, de commenter : " Et il est bien vrai que les tribunaux et les cours, avec toute leur superbe, depuis deux mille ans, n'ont apporté rien et laissé rien aux hommes, sauf le souvenir de quelques erreurs judiciaires. " p173 - 3. Parfois, José Cabanis nous donne un aperçu sur sa foi et sa conception de l'homme "sous Dieu," : Après avoir évoqué un cheval qui fait tourner, une heure par jour, une roue pour pomper l'eau, il commente : " Il avait tourné sur lui même, les yeux bandés, mais il avait fait ruisseler l'eau et chaque pousse en serait vivifiée. Toute la vérité est là. Juste Dieu, Dieu sait à quel point j'en suis persuadé. " p 174 - 6. Il arrive qu'une note éveille un écho chez le lecteur, comme celle-ci : " Tout art, dans tous les domaines est dans la surprise. " p 178 - 5. La surprise ! pas seulement dans l'art ... Reste à remercier Alain Lanavère de son travail et de cette publication de notes qui pourraient paraître très accessoires et qui seront un vrai bonheur pour tout lecteur attentif.

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