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LES ŒUVRES : Leurs œuvres

 

BOYLESVE ET ….

 

RENE BOYLESVE ou PAGE D'ACCUEIL

 

 

 

 

BOYLESVE ET ANDRE GIDE :

La rencontre des deux hommes date certainement de leur collaboration commune à l’Ermitage de Henri Mazel. Ils avaient l’un pour l’autre estime et admiration. Boylesve pensa à favoriser l’entrée de Gide à l’Académie, il avait même convaincu ce dernier d’accepter. C’est Roger Martin du Gard qui dissuada Gide de donner suite au projet. Fort heureusement car Gide n’y voyait qu’un moyen de donner plus d’éclat à la publication de son brûlot en faveur de l’homosexualité : CORYDON.

"Je relis à haute voix le livre de Boylesve (La Becquée) à ma femme ; c'est vraiment excellent. Bien que cela soit assez contraire à mes moeurs de remercier des livres qu'on m'envoie, je ne me suis pas retenu de lui écrire une lettre très élogieuse (mais je te l'ai déjà dit, je crois). Quand au Barrès, malgré l'attrait de la confiserie, m'est avis que c'est de la foutaise." Lettre De André Gide du 25 novembre 1903 à Henri Ghéon.

Réponse à Ghéon qui écrivait : "Je suis heureux que le Boylesve t'ait plu ; c'est une excellente chose, tu confirmes ma première impression ; j'en parle ce mois-ci."

Journal de Gide.

Novembre 1904

"A Alger encore, je lus les Vacances d'un jeune homme sage (De Henri de Régnier*), livre assez médiocre qui venait de paraître, et le délicieux Enfant à la balustrade, - (de Boylesve) -, que je relus aussitôt à Em. (Emmanuelle - Madeleine Gide*) à haute voix."

Boylesve, oublié des histoires de la littérature, de la critique, du grand public, conserve un petit public et répond mieux ainsi que Gide, à l'ambition dont Gide, hautain dans sa note, se faisait l'écho après une conversation avec lui : "Mais, me dit Boylesve, c'est précisément pour les gens comme vous que j'écris. Qu'est-ce que nous désirons, n'est-ce pas ? Trois quatre mille lecteurs ... - C'est beaucoup trop." (André Gide, Journal, 22 avril 1905).

* Notes du site.

 

BOYLESVE ET JEAN SCHLUMBERGER :

Des gens de la NRF, Jean Schlumberger était certainement celui qui admirait le plus René Boylesve.

"Visite à Boylesve pour lui demander comment me tirer d'affaire pour les démarches que Brieux, très chaleureux pour Un homme heureux, voudrait me faire entreprendre pour le grand prix du roman.

Suis touché de la simplicité avec laquelle Boylesve me parle de l'affreuse servitude dans laquelle il gâche sa vie à l'académie.

Je pense : qu'est-il aller faire dans cette galère ? Il dit qu'il avait espéré pouvoir servir avec plus d'efficacité ce qui représenterait de la qualité dans les lettres ...

A la N.R.F. l'Académie est tellement étrangère à nos préoccupations que nous ne comprenons même pas qu'on puisse loucher vers elle, ni faire une démarche pour obtenir un prix quelconque." (13 juin 1922) Rencontres.

Article de Schlumberger dans la N.R.F. de octobre 1909 :

"La Jeune fille bien élevée, par René Boylesve :

Voici un roman dont il eut fallu parler depuis longtemps, non par souci d'actualité car un tel livre peut attendre, mais parce qu'après avoir signalé tant d'âpres ouvrages, il faut se faire une fête d'en mentionner un où tant de justesse s'allie à tant d'agrément. ... " (L'esprit N.R.F. p52).

 


BOYLESVE ET MARCEL PROUST :

Boylesve, contemporain de Marcel Proust fut certainement très frustré lorsqu’il découvrit La Recherche du temps perdu. Il dû y reconnaître une des voies que son œuvre aurait  pu prendre s’il avait persisté dans le ton du Médecin des dames de Néans et des Bonnets de dentelles. Il y eut de sa part une certaine humeur devant cette oeuvre. Cependant il ne résista pas longtemps à son charme et quand il la reconnut ses notes prouvent qu’il en fut un lecteur intelligent et perspicace. La correspondance échangée entre les deux auteurs montre que de son coté Marcel Proust avait reconnu la valeur de Boylesve et tenait son œuvre en estime bien que les louanges de Proust à ses contemporains doivent toujours être considérées avec la réserve qui convient venant d'un homme qui recherchait les reconnaissances, n'hésitait pas à flatter et auquel l'Académie n'était pas indifférente.

Lettre de Marcel Proust à René Boylesve, fin 1917 :

 

"J'ai été bien ému en recevant ce livre (Le bonheur à cinq sous, recueil de nouvelles de R.B.). Vous savez ce que les vôtres sont pour moi. Je n'ai jamais osé vous envoyer une lettre que je vous avais écrite il y a plusieurs années. De temps à autre, quand je cherche quelque chose d'un peu ancien, je l'aperçois, ne l'ayant ni mise à la poste ni brûlée. Il est probable que, si elle était ouverte, dès que j'aurais relu les premiers mots je la déchirerais. Mais je profite de ce que son enveloppe est close, depuis si longtemps que je ne me rappelle plus du tout ce que je vous disais, pour vous la faire enfin parvenir comme un remerciement anticipé."

"Je souffre énormément des yeux depuis deux ans; ... Et sans doute je vais tout de même lire votre livre, car il est des privations que je ne sais pas m'imposer. Mais je ne lirai qu'assez lentement."

"Et pourtant je peux déjà vous dire que je n'en connais pas de vous qui me plaise davantage ni même autant, Dieu sait que ce n'est pas peu dire! et j'aime tellement d'amour les autres, qu'il me semble qu'il y a, dans ma prédilection pour le nouveau, comme l'indélicatesse d'une infidélité. Mais non! car je les aime en lui. Je ne crois pas que vous ayez encore opposé d'une façon aussi parfaite, aussi concentrée dans sa composition symétrique, le bonheur (que ma santé m'a toujours fait ignorer) d'une vie passée dans un "Bout du Pont" et la mesquinerie factice de la fausse vie de salon. Naturellement, à cette vie factice, personne avant vous ne s'était avisé de lui donner un corps. Et je sais bien : c'était déjà merveilleux, cette fenêtre sur le Parc Monceau où on ne voyait à la fois qu'un morceau de voiture. (Madeleine jeune femme - 1912) ... Je sais que vous avez écrit de plus grands livres ..."

Note de René Boylesve :

"La mort de Marcel Proust est le plus grand deuil que nous pouvions avoir à subir, si l'on veut bien prendre en considération ces trois faits : qu'il avait un talent au moins égal aux plus grands; qu'il était en pleine force de production, ayant quelque cinq, dix, vingt ou vingt cinq ans de moins que nos auteurs justement illustres; enfin que sa renommée venait pour ainsi dire de naître et se trouvait donc encore dans la période de la contestation, dans la période militante, autrement dit la plus active, effervescente et féconde, celle qui permet toutes les espérances."

... ...

"Mon impression a été d'abord nettement défavorable. Je me perdais dans le dédale des phrases interminables, de construction archaïque, et qui avaient pour mon goût déterminé en faveur de la simplicité, le tort de vouloir surtout contraster avec les usages établis."

 

Qu'on lise avec attention la raison de la première réaction de rejet de Proust par Boylesve. Elle est la leçon, pas encore reniée, de Ganderax, ce futur "sot et pédant grammairien". Je crois que Gérard Gailly, ami et exécuteur testamentaire de René Boylesve ne s'y est pas trompé, Boylesve découvre en lisant Proust qu'il a eu tort de céder aux injonctions de Ganderax. En Proust il retrouve ce qu'il aurait dû être s'il avait suivi l'élan du Médecin et des Bonnets de dentelles. Il fait à Proust, à part lui, la leçon qu'on lui a faite. Il reviendra bien entendu sur cette première réaction et la parenté autant que l'admiration lui feront reconnaître le génie de Proust, pas étranger au sien. Ce qui est le plus étonnant c'est que de son coté, Proust a reconnu cette parenté même au travers d'un texte "mutilé" par le style classique préconisé par Ganderax, Madeleine Jeune femme. Et pour faire un tour complet voyons cette évocation de Molière de Proust : "Ah! combien souvent, faisant un retour sur moi quand je vous lis, je m'applique ce vers de Molière : "Boylesve avec deux mots en eût dit plus que vous" Marcel Proust donnant l'impression de regretter de ne pas avoir le style "ramassé" de son correspondant.

 

Dernière mise à jour : 17 juin 2005

 

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