Michel ONFRAY – Vies parallèles : de Gaulle - Mitterrand. (Robert Laffont, 11-2020, € 21)
Ni le nom d’auteur, ni le titre,
figurant sur la couverture de ce livre ne me conviennent. Michel Onfray, c’est
le philosophe et ce n’est certes pas lui qui a écrit ce livre mais deux de ses amis :
Michel Onfray l’hagiographe, s’est chargé de la partie Jeanne d’Arc,
excusez-moi, Charles de Gaulle et Michel Onfray, le juge-inquisiteur, de l’acte
d’accusation - de la sentence, concernant François Mitterrand, car ce livre ne
nous donne pas des vies parallèles, mais une hagiographie placée en face d’un
réquisitoire et d’une condamnation sans défense.
Tout comme
Michel Onfray, je suis ce que l’on nomme aujourd’hui
« souverainiste », non pas par amour de cette vieille putain que l’on
nomme la France et qui depuis des siècles a justifié – comme toutes les autres
nations - tous les crimes, mais au nom d’une simple logique : un peuple,
un état, une monnaie, une politique économique, financière et sociale et une
politique étrangère. On ne sort pas de cette équation et quand un de ces éléments
vient à manquer, l’ensemble s’effrite et devient chaotique, ce qui est le cas
de l’Europe actuelle au service et inféodée comme tous les états qui la
constituent, des et aux pires représentants du monde financier. C’est dire que
mon appréciation de l’œuvre de Michel Onfray ne doit rien à mes opinions.
Je dois
également confesser que je n’ai jamais apprécié François Mitterrand, en qui
j’ai vu, dès le Congrès d’Épinay, le fossoyeur d’une gauche –
déjà morte certes, car on n’enterre jamais que des cadavres ; et que je me
suis toujours défié du général de Gaulle qui se confondait trop facilement avec
cette entité rêvée qu’il appelait : la France, porte ouverte à bien des excès.
Onfray n’est
pas honnête. Écrire les Vies parallèles de ces deux sujets aurait nécessité une
analyse sérieuse, l’examen de tous les aspects de leurs vies et de leurs
actions et pas seulement quelques faits bien sélectionnés pour tirer la vérité
du « bon côté ». Rien de semblable dans ce livre. Mitterrand est un
salaud de cagoulard, croix de feu, vichyste, et de Gaulle la blanche colombe
immaculée, pure, qui sauve la France.
On ne peut
que reconnaître le rôle de de Gaulle de 1940 à 1946, et il ne s’agit pas de le
taire. Mais ce n’est pas une raison de passer sous silence certaines
choses :
-
Les
magouilles gaullistes durant toute la quatrième république qui, jointes à
celles, plus visibles certes, des communistes staliniens, rendirent la France
ingouvernable.
-
Les
crimes et les trahisons de de Gaulle de Charonne au massacre des Algériens à
Paris (plus de 120 morts et des milliers d’hommes détenus illégalement et
torturés, crimes couverts et impunis), sous la houlette de Papon, criminel
vichyste et préfet de police de Paris (1958-1966) sous de Gaulle.
-
Les
quatre années de guerre inutiles et leur charrette de morts de 1958 à
l’indépendance de l’Algérie.
-
Le
S.A.C. et crimes multiples couverts voire commandités par le pouvoir gaulliste.
Concernant Mitterrand, il n’est pas
utile de le défendre, je n’en ai d’ailleurs pas envie, la seule lecture du
réquisitoire montre assez bien les partis pris, je citerais cependant ce mot de
Michel Onfray : « … car le diable se trouvant dans les détails
… » qui justifie l’utilisation des détails ou de ce que Michel Onfray
l’Inquisiteur considère comme tels, pour un jugement total ! Quel homme
passerait cette épreuve ?
Il se trouve que paraît dans le même
temps que l’ouvrage de Michel Onfray les Mémoires impubliables de Pierre
Péans, vrai journaliste d’investigation, qui, lui, tente de comprendre – sans
pour autant excuser - là où d’autres s’empressent de condamner sans
discernement. On lira avec intérêt et avantage ce document intéressant d’un homme
qui témoigne. (PierrePéans, Mémoires impubliables, Albin Michel, mars 2020, € 25)
La France est en finale de son
déclin, ses représentants ne sont plus que de médiocres pantins, n’ayant aucune
personnalité, aucune aura, n’étant pas capables d’assumer avec dignité leur
rôle. Le trio des infâmes, Sarkozy, Hollande, Macron, marque la déchéance
totale d’un pays, il est à craindre que les élections à venir nous réservent
encore une fois le pire, sur fond de trucage de la (non) représentation
nationale, il ne restera aux électeurs que le choix de minables.
On donne la parole au peuple ?
Qu’entend-t-on ? Des minoritaires déblatérant des insanités des Gilets
jaunes à la France Insoumise, des mouvements d’Extrême droite aux lambeaux des
anciens partis y compris leur reconstitution amalgamée en cet invraisemblable
ensemble de bras cassés qu’est la République en marche qui a volé comme toutes
les majorités de cette république antidémocratique léguée par de Gaulle, la
moitié des sièges qu’elle possède à l’Assemblée nationale ! Le peuple le
sait : les gouvernements français n’ont aucune légitimité, ils ne
représentent rien d’autre que la magouille électorale, qu’eux-mêmes et leurs
commanditaires de la finance ! Si l’inénarrable Macron
« réfléchi » à la dose de proportionnelle « nécessaire » ce
n’est pas par un accès limité de démocratie ! C’est parce qu’il craint
qu’avec 30 ou 40 % des voix, le parti de Marine Le Pen ne soit représenté à
l’Assemblée que par cinq ou six députés ? Le problème de Macron est :
comment continuer à truquer sans que cela ne soit pas trop visible ? Pas
la peine de t’agiter, Tartuffe, c’est toujours visible, mais tes rivaux ne
veulent pas plus que toi d’une vraie représentation nationale ! La
proportionnelle sans laquelle le pouvoir est illégitime, c’est 100% !
Mitterrand n’est pas le diable qui a
perverti la Constitution, comme le proclame naïvement et de mauvaise foi,
Michel Onfray, non, la République gaullienne était viciée, il n’a fait que
l’utiliser après l’avoir dénoncée ! Onfray peut faire la morale dans son
cadre manichéen, la constitution gaullienne ne prévoit pas la démission du Président,
chef de l’état, quand il perd les élections législatives !
Michel Onfray, chevauchant dans la situation chaotique actuelle n’a pas fait avec cet ouvrage œuvre utile, il a réglé des comptes, tenté de dresser une idole souverainiste. Dommage que lorsque qu’il a étendu les bras sur le balcon d’Alger, en criant « Je vous ai compris » aux excités de l’Algérie française, qui venaient de le porter au pouvoir, le Général n’ait pas ressuscité quelques morts, par exemple quelques algériens torturés à mort par les hommes de Massu, il aurait pu être canonisé, mais Onfray vient de dresser le dossier en béatification, qu’il n’a plus qu’à transmettre au Pape, quant à Mitterrand, je suis tranquille, le Diable l’aura reçu avec tous les politicards de la Vème république ! Gaullistes ou pas, Collabos ou pas, gaullistes et collabos ou pas, socialistes, ou socialistes et collabos ou pas et il tient au chaud, ce Diable, les places de nos derniers Présidents, mais ce ne sont que des strapontins, des places de derniers rangs, des places de bureaucrates – excusez – de technocrates, minables !