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A PROPOS DE HOUELLEBECQ

 

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Poète quand même!

 

Qu'on n'aime pas Prévert ne me dérange pas, que, pour des raisons littéraires, on le traite de con, commence à me donner des indications sur le critique. Mais c'est quand j'ai le malheur de tomber sur ses poésies que je commence à comprendre Houellebecq ! Tout juste assez intelligent pour comprendre et détester Prévert, un poète moins accessible est hors de sa portée, il se tourne naturellement, dans un mouvement de dépit et de jalousie tout à fait puéril vers celui dont il peut essayer de parler ... et tout ce qu'il trouve à nous dire, c'est "qu'il est con!" Intéressant, quand même, cette nouvelle critique littéraire ! (A ne surtout pas lire : La poursuite du bonheur de Michel Houellebecq dont l'éditeur nous dit "poésie" - il faut le croire ! et Interventions qui contient l'intéressant article sur Jacques Prévert, " Jacques Prévert est un con !" - Pour ce dernier ouvrage, l'éditeur ne nous dit pas de quoi il s'agit ( ce n'est pas nécessaire ) mais Houellebecq lui-même parle de " réflexions théoriques " il faut donc le croire ! Il apparaît même qu'il aimerait les mener jusqu'à sa mort! Diable !)

 

Quelques vers impérissables de Michel Houellebecq qui, par eux, me semblerait un peu être à la poésie ce que Sulitzer est au roman :

 

J'étais seul au volant de ma Peugeot 104;

Avec la 205 j'aurais eu l'air plus frime.

...

* * *

J'avais assez d'essence pour atteindre Francfort ;

...

* * *

A l'angle de la FNAC bouillonnait une foule

Très dense et très cruelle.

Un gros chien mastiquait le corps d'un pigeon blanc.

Plus loin, dans la ruelle,

Une vieille clocharde toute ramassée en boule

Recevait sans mot dire le crachat des enfants.

Ce dernier texte s'envole presque vers la poésie et ferait presque penser au début d'une énumération de ... Prévert ! Le fils mordrait-il le père ?

Enfin, n'oublions pas ce vers voué probablement à l'immortalité et par lequel la pensée française se hisse aux sommets :

"Je ne sentais rien au niveau de la pine."!

qui rime avec "Bonjour c'est Amandine."

Allons, du nerf ! L'époque est passionnante que diable !

 

Je ne suis pas de ceux qui lisent la poésie au kilomètre de mots, un vers chassant l'autre... Quelques vers ici, un poème là, je ne butine pas, je cherche des mots ordinaires qui ont des résonances rares, des instants du poète qui éveillent le poète en moi. Pas rancunier, j'ai ouvert Poésies*. Ici, cela sent le fabriqué, là cela me semble fade, encore je passe une fois, une autre... et puis, la perle :

Incapable de nostalgie

J'envie le calme des vieillards

La petite mort dans leurs regards

.......

( La suite de ce poème dans Poésie de Michel Houellebecq - J'ai lu )

Voilà pour mon plaisir, j'aime Eluard pour vingt poèmes seulement et pas l'Orange 

Tout cela (qui précède) non daté, je découvre un petit livre de la collection Poésie de Gallimard, Non réconcilié, anthologie personnelle 1991-2013, et je dois dire que cela me réconcilie avec Michel Houellebecq, qui du coup, retrouve son prénom. Ses poèmes me plaisent assez surtout dans le triste paysage de la poésie contemporaine dont le Pléiade consacré à Philippe Jaccottet donne une idée.

 

 

 

 

 

 

 

Dernière nouvelle : ( 30 août 2005 ) Houellebecq publie un livre, La tentation d'une île, vous en avez déjà tellement entendu parler que le lire serait vraiment superflu, alors, n'hésitez pas : faites en l'économie, vous ne le regretterez pas !

Houellebecq se proclame " plus grand écrivain français vivant ", il a la modestie de dire que cela n'est pas difficile. Il se trompe. Des écrivains francophones il y en a. Richard Millet, Boualem Sansal par exemple. Je n'aurais vraiment aucun mérite à donner tout Houellebecq - que je ne possède pas - pour un livre de Richard Millet ou pour l'Enfant fou ! Est-ce que se proclamer grand écrivain me choque ? Ce serait demander si la connerie me choque ! Non, bien entendu, elle est trop quotidienne !

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